vendredi 26 septembre 2008

Fiche de lecture: raisonnable et humain.

SOMMAIRE


Citations


Préface


Introduction


Partie I-Résumé-


I/La chose, le vivant et l'humain


1.1 La terre avant la vie.


1.2 Qu'est ce que la vie?


1.3 Evolution et diversification des êtres vivants.

1.4 Du gène à l'humain.


1.5 Divinité, continuité et discontinuité.


II/ Vivre et Mourir.


2.1 L'invention évolutive de la mort.


2.2 L'homme devant la mort la sienne et celle des autres.

2.3 La liberté de mourir.


III/ Etre raisonnable: une perspective évolutive.


IV/Nécessité et liberté.


V/ Humain et inhumain.



VI/ La querelle de l'humanisme.


VII/ Science et Progrés.


VIII/ Sang impure et déraison.


IX/ Naître et être handicapé.


9.1 Qui plus que la mère ?

9.2 L'affaire P et la jurisprudence.

9.3 Une tentative d'approche raisonnable est humaine.


X/Femmes.


10.1 La puissance au féminin.

10.2 Être deux.

10.3 Différentialisme et universalisme.

10.4 Les commerces du corps.

10.5 Le passage féminin vers l'avenir.



Postface de l'auteur.


Partie 2- critiques.


Partie 3.- Objectifs à venir.


Annexes.





Citations (pour faire réfléchir ou se divertir...)



"apprendre à connaître les hommes, ce n'est pas apprendre à les aimer"

Une des nombreuses épitaphe de la tombe de Jean Brun Bayle (ou il ne fut pas entérré!) « Philanthrope, Philosophe et Libre penseur » gallarguois de la fin du XIX ème siècle.





«Chaque année des millions d'êtres humains naissent sur Terre. Ils transforment des tonnes de viandes, de fruits et de légumes en tonnes d'excréments. Ils s'agitent, ils se reproduisent puis ils meurent. Ça n'a rien d'extraordinaire mais là réside le sens de notre existence: Naître. Manger. S'agiter. Se reproduire. Crever.
Entre-temps on a l'impression d'être important parce qu'on fait du bruit avec notre bouche, des mouvements avec nos jambes et nos bras. Moi je dis: nous sommes peu de chose et nous sommes amenés à devenir pourriture puis poussière »

Source: individu interrogé dans la rue au hasard d'un micro-trottoir.
Cité par Bernard WERBER dans son roman L'Empire des anges, édition Albin Michel, club Le Grand Livre du Mois, 2000 P18. Vous pouvez dans le même cadre, lire aussi quelques autres passages pertinents de ce roman: P52,66,96,226 (l'idéosphére), 230, 272.






Introduction:

Cet ouvrage est tout aussi contemporain que l'ouvrage de Klein, dont la vision particulière qu'il a du monde est convergente avec ce dernier sur certains points. En effet, tout comme Etienne Klein, Axel Khan a fait des études scientifiques mais cette fois ci dans le domaine de la médecine et de la génétique. Directeur de l'institu Cochin il est surtout membre du membre consultatif national d'éthique (CCNE) et a présidé entre autre, la Commission du génie biomoléculaire et le groupe des experts de haut niveau en sciences et de la vie auprès de la Commission européenne. Cette formation scientifique, n'est pas sans rapport avec l'orientation de l'ouvrage, révélant sous couvert de problèmes éthiques, avant tout des problèmes humains. C'est à la fois le questionnement des origines de la vie et de l'homme et des limites, de la distinction entre l'humain et l'inhumain, le bien et le mal, la vie et la mort, une méthodologie du discernement mais aussi un pamphlet pour la tolérance. Le fil de conducteur de son ouvrage et la mort du père de l'auteur et l'injonction que ce dernier lui aurait faite dans une lettre qui lui était destiné: «sois raisonnable et humain ». Le sens de cette injonction est un questionnement auquel l'auteur s'efforce de répondre au travers de tout l'ouvrage nous interpel en fin de compte. La démonstration a t'elle pour but pédagogique? Philosophique? Ou l'auteur a t'il cherché uniquement à soulager sa conscience? Peut on considérer ce questionnement comme un pont avec les sciences sociales? Peut on établir un lien entre l'histoire et les objectifs fixés par l'auteur? Si oui, lesquels? Le résumé respecte globalement la structure de l'ouvrage, elle n'est pas linéaire dans le sens ou l'on ne peut diviser en parties qui seraient objectivement distinctes, bien qu'on puisse dire qu'il y a une première partie plus technique que l'autre dans le cheminement des idées, qui s'étend progressivement de l' « objectivisme » scientifique à des questions de sociétés et d'actualités en rapport avec le métier de l'auteur.




Partie I- Résumé.

I/La chose, le vivant et l'humain.

La première chose avant d'être raisonnable et humain c'est d'être tout bonnement vivant. C'est pourquoi l'auteur tente de déterminer en premier lieu, l'émergence de la vie, en essayant de déterminer ce qui va faire de la chose, le vivant et l'humain dans l'histoire de la terre.

1.1 La terre avant la vie.

Le système solaire s'est formé il y a 4, 567 Milliards d'années par condensation de gaz, de poussières et de petits corps rocheux tournant autour du soleil. 30 millions d'années après la condensation de la terre, celle ci est percuté par une planète de la taille de Mars appelée Théia de la coalescence des débris tournant autour de la terre naît la Lune. La terre qui est encore chaude se refroidie en quelques millions d'années. Ainsi l'eau apparaît, puis les océans, il y a de cela 4,4 Milliards d'années. Les molécules organiques sont probablement déjà présentes1. De la, se pose la question de l'origine de la vie, et de ce qui la précède: c'est le domaine de la protobiologie, pour étudier la synthèse de molécules biologiques ainsi que leurs propriétés afin de tenter de déterminer les origines de la vie. Quoi qu'il en soit, tout les scénarios de l'apparition de la vie se situent en milieux aqueux (en absence d'atmosphère, forcément...). Bien entendu, il est impossible pour l'instant de trancher entre ces scénarios.

1.2 Qu'est ce que la vie?

Tout comme le temps, la vie est une définition dite primitive 2 bien qu'on puisse en determiner des signes distinctifs:
la première caractéristique est l'existence d'un génome. Qui peut être constitué de deux types d'acides nucléiques formés notamment d'un sucre particulier, soit le désoxyribose (ADN), soit le ribose (ARN). Les virus cancérigènes et du sida ont un génome ARN, tandis que les animaux, les plantes et les microbes ont un génome ADN. On pense que l'ARN a précédé l'ADN quoiqu'il soit probable que le programme génétique originel ait été bien différent, moins complexe. De cette structure on serait passé aux ARN. Les ARN comme les ADN étant sensibles à la modification, l'évolution et la diversification des êtres vivants devient possible.
Seconde caractéristique, la compartimentation des cellules, tout en permettant des échanges et des perceptions de signaux. Troisième caractéristique, la présence dans cette espace cellulaire d'un métabolisme. Ensuite, celle ci se distingue par un processus réplicatif, finalement il faut de l'énergie. On distingue donc les premières traces de l'apparition de la vie il y a environ 3,5 Milliards d'années.

1.3 Evolution et diversification des êtres vivants.

Emergeant de son environnement prébiotique, la cellule vivante s'est multiplié et a mutée pour survivre et se reproduire. Ce processus, va aboutir à la diversité des êtres vivants qui ont peuplés la terre pendant 3,5 Milliards d'années.

1.4 Du gène à l'humain

On distingue l'homme des autres êtres vivants par le génome. Paradoxalement c'est aussi celui ci permet de le rapprocher de ces êtres tel que le singe ou la souris, en recherchant des ancêtres communs. Le problème se pose alors de savoir ce qui différencie tant Homo Sapiens des autres espèces de par ses potentialités? L'erreur serait de parler de déterminisme génétique dans ce domaine, car celle-ci procède aussi de mécanismes relevant d'une véritable sociologie cellulaire et du jeu complexe des interactions avec l'environnement. Bien que dans ces phénomènes, la génétique y joue un rôle déterminant. Il y a discontinuité entre la biologie et l'originalité de son univers mental, mais non rupture. On peut constater dans l'évolution humaine, en parallèle de l'évolution biologique, l'émergence d'un phénomène auto-amplificateur toujours accéléré. Avec au bout du compte une autonomisation des phénomènes culturels et une déconnexion entre l'évolution biologique et technico-culturel tout en étant à la base dépendant. Cela reste une condition sine qua non.


1.5 Divinité, continuité et discontinuité.

On a au travers de ces observateurs, deux types de positions: les matérialistes et ceux qui pensent qu'une volonté organisatrice est à l'œuvre. A qui donner raison? En fait il faut sortir de ce schéma et se rappeler avant tout que la matière dont sont constitués les êtres vivant est complexe. Celle ci est créatrice de propriétés nouvelles qui procèdent de modifications interactives des constituants élémentaires et l'émergence de signifiants combinatoires. De la, le matérialiste et le croyant y trouvent leur compte. Les deux approches sont cependant indispensables à la connaissance. L'auteur affirme finalement que la vie a surgit de sauts qualitatifs.

II/ Vivre et Mourir.

2.1 L'invention évolutive de la mort.

Intuitivement, tout nous semble avoir un terme, toute chose est éphémère, le temps altère ce qu'il entraine dans son cours. A l'échelle du monde inanimé, la marque celle de la forme, de l'énergie, de l'organisation. En termes thermodynamiques, cela correspond à l'augmentation inéluctable de l'entropie de l'ensemble, à moins qu'elle ne soit contrecarrée par un apport d'énergie extérieur, on ne peut toutefois en faire une application universelle. Au niveau des êtres vivants et de leur situation face à la mort, il est indispensable de distinguer d'un côté les populations à divisions symétriques, de l'autre, les individus. On parle des populations à division symétrique, lorsqu'une cellule bactérienne se scinde en deux par scissiparité parfaite; le concept de longévité ne s'applique pas et on ne peut faire état que de la persistance de la colonie. Pour parler de la durée de vie d'un individu et non d'une population, il faut que les parents soient différents des descendants, ce qui implique division asymétrique, pas nécessairement sexuelle, comme on peut le voir par exemple pour la levure. L'énergie nécessaire étant fournie, on peut imaginer que des êtres vivants réparent, régénèrent, reconstituent, remplacent sans fin et ne meurent pas. Alors pourquoi le moteur de l'évolution ne privilégie pas ces êtres? Car ces mutations génétiques aléatoires sont basés sur le processus reproductif. Bien que des êtres vivent plus longtemps que leur maximas reproductif. Comme par exemple, les oiseaux et les mammifères. Peut être est ce pour qu'ils puissent s'occuper de ses petits.


2.2 L'homme devant la mort la sienne et celle des autres.

Il y a une opposition entre la banalité biologique de la mort et le caractère inouï de l'interruption brutale de l'univers mentale de la personne. La spécificité de la mort humaine est le fait qu'elle soit aussi une extinction de l'esprit. De la s'explique l'éveil du sentiment religieux chez l'homme il y a 100 000 ans. L'auteur qui est agnostique y voit la une survivance de l'esprit et du corps face à la béance de la mort. Toutefois le rituel n'est pas considéré comme sans intérêt. Car de cette façon l'on peut voir que le défunt a laissé une trace, une transmission de la pensé selon lui un élément déterminant de la naissance des civilisations. Il défini donc le rite funéraire comme une sorte de passage de témoin, de transfert de mémoire et de valeur. De la il oppose sa position agnostique aux biologistes matérialistes (paradoxalement) en mettant en avant l'étrangeté de notre espèce.

2.3 La liberté de mourir.

La question de la liberté de mourir remonte à l'antiquité, présente dans de nombreux mouvements philosophiques. Ex: les suicides stoïques émaillent l'histoire romaine. L'auteur donne par la suite sa position face à la liberté de mourir. Il dit que les deux sont antinomiques car la liberté repose sur la revendication du libre arbitre tandis que la mort marque l'interruption définitive de ce dernier, car elle est irrémédiable, donc irrévocable.

III/ Etre raisonnable: une perspective évolutive.

L'auteur dans ce chapitre s'interroge sur l'évolution et l'émergence de la conscience humaine. Il fait le rapprochement de l'homme avec ses plus proches cousins génétiques: les singes. Il met en rapport l'utilisation de la technique, de l'innovation et de la sociabilité chez ces derniers. Et surtout du langage qui finalement ne semble pas être uniquement le propre de l'homme, le partageant avec d'autres espèces utilisant des formes de langage tout aussi complexe comme le dauphin ou la baleine. Avec qui il partage de même l'évolution des capacités mentales. Mais l'homme a un outillage plus élaboré qui lui permet à l'aide de la combinaison d'un nombre fini de symboles, de créer un nombre illimité de concepts4.
Dans ce sens l'on peut se questionner sur ce qui fait notre spécificité. Doit-on la chercher dans les gènes? Oui, mais surtout dans leurs aspects qualitatifs que quantitatifs. En fait, beaucoup plus que des changements des gènes, ce sont des modifications dans la cinétique, l'intensité et la localisation tissulaire de leur expression qui sont le plus probablement en cause dans l'évolution rapide des capacités cognitives dans le lignage humain.
Dans un autre sens, on peut aussi s'interroger sur le pourquoi de la conscience dans ce processus évolutif? Simplement parce qu'il permet de se projeter dans l'avenir, ce qui a permis à l'homme d'avoir un avantage sélectif. Tandis que chez les autres espèces restent dans l'instant présent. L'homme partage cette conscience de soi avec les chimpanzés et les Bonobos. L'hominisation a permis à l'homme d'avoir l'outillage biologique pour s'humaniser qui lui même débouche d'un processus d'acculturation d'un homme interagissant avec les autres au sein d'une culture humaine. On ne peut donner de déterminisme biologique à ce processus qui éclate entre 150 000 ans et 40000 ans lors de la révolution du paléolithique supérieur. Du paléolithique à nos jours la révolution est essentiellement culturelle. C'est finalement celle ci qui différencie singulièrement les hommes (et certains singes) des autres animaux. C'est aussi ce qui le rend responsable en partie.

IV. Nécessité et liberté.

C'est sous l'influence dominante de la pensé libérale, qu'on tend à substituer la notion de liberté par celle d'autonomie, issu elle même de la thèse centrale de Wilson5 et Dawkins entre autre. Des mécanismes naturels imparables entraineraient l'édification de la société de consommation, comme soumis à une main invisible. Expliquant que les vices privés soient les garants des vertus publiques6. Ce déterminisme radical est fort ancien, et on en trouve un bon développement chez Spinoza pour qui la liberté n'existe que pour Dieu, tandis que les hommes sont déterminés par ce qu'ils font et ce qu'ils sont. Il substitue ainsi la liberté par la libre nécessité. Pour Kant, il y a une autre forme de déterminisme, il est basé sur la raison de l'homme qui le place hors du champ de la nature lui permet d'identifier ce qui est nécessaire et constitu un impératif catégorique. A ces deux déterminismes s'oppose Hume pour qui remet en cause la valeur même de la connaissance issu de l'expérience issu de la recherche de l'intérêt et du plaisir.
Ces trois philosophies vont questionner la base même de toute notion de liberté dans les processus mentaux qui aboutissent à cette dernière. Somme nous réellement libre? Ceci renvoi au principe de causalité. Le choix a des causes positives multiples, reflet des propriétés biologiques d'un être édifié par la relation intersubjective au sein d'une société humaine. Pourtant toute cause n'a pas qu'un seul effet comme on pourrait le croire. Il faut pour cela se rappeler le principe d'incertitude d'Heisenberg et des systèmes chaotiques. La trop grande diversité des déterminants des choix rend la prévisibilité dans l'absolue, chose impossible. Mais a-t-on réellement le choix? Pas si sûr. L'auteur pense que la liberté est une illusion car bien que des déterminants et une série de causes jouent dans un choix, ce dernier soit finalement fait aléatoirement. Cela remet en cause la notion de responsabilité, bien que nous en soyons conscients.

V/ Humain et inhumain.

Le propre de l'homme et d'être humain. Cependant le contraire n'est pas vrai. On ne peut taxer un animal (si féroce soit-il) d'inhumain, car l'inhumanité ne peut émerger que d'un esprit ayant acquis une certaine autonomie psychologique et culturelle, vis à vis des mécanismes de nature. Le mal est donc par conséquent le propre de l'homme. La recherche du plaisir en est un bon exemple. La complexité du phénomène peut expliquer les attitudes diverses (et difficilement prévisibles) de l'homme face au plaisir ce qui fait sa singularité. L'homme peut se montrer extrêmement violent, rien n'est plus contagieux que la rage d'une foule qui massacre ses semblables pour des raisons en apparence futiles, le plus souvent religieux ou ethniques. Au total l'inhumanité est consubstantielle de l'humanité, et lui est même spécifique.
Après un long aparté sur des précisions concernant le conflit israélo-palestinien, l'auteur revient sur la notion de mal qu'il considère comme fondatrice du bien, bien que cela semble paradoxal en apparence, d'ou il défini le comportement humain. Il met en relation le bien avec la notion d'inter subjectivité et de la solidarité. Celle ci se construit d'abord en cercle fermé au sein du groupe du clan, de la tribu rejetant ceux qui sont au dehors avant de s'étendre à l'ensemble des humains. Bien que cette affirmation reste encore aujourd'hui incertaine.
Puis il met en parallèle la solidarité avec la notion de famille et de fraternité qui, elle aussi lie les hommes de façon plus ou moins large selon que l'on rétrécisse ou élargisse leur champs. Toutefois la notion de solidarité ne recoupe pas (forcément) la notion de fraternité, bien que cela y joue pour beaucoup dans son implication. Dans son analyse, on perçoit toujours en filigrane, une vision quelque peux biologique de la solidarité voir sociobiologique.


VI/ La querelle de l'humanisme.

On regroupe en général sous le terme humanisme l'ensemble des doctrines qui se fixent pour fin la personne humaine et son épanouissement. A cela se rajoute depuis l'antiquité, un anthropocentrisme basé sur l'idée que l'homme est un être supérieur. La théologie, mais surtout la rationalité forment la base de cette humanisme reprit bien après lors de la renaissance du XV ème siècle. Cependant la révolution copernicienne et son héliocentrisme aboutissent à un premier décentrage de l'homme. Toutefois encore au XVIII eme siècle le Progrès est à la base d'un nouvel humanisme initié par Francis Bacon et Descartes : « le savoir est pouvoir » tout en y insérant des principes de précautions... On est alors dans une période d'optimisme du progrès reposant sur la certitude du progrès de l'éducation, des sciences et des techniques pour le bonheur et l'épanouissement de l'homme. C'est durant cette période que naît et ce développe le positivisme, ce mouvement va donner un mouvement religieux (dont il reste encore quelques églises au Brésil d'ailleurs). La raison humaine en constitue le fondement le moteur, l'homme en demeure la finalité, comme on peut le voir dans la philosophie kantienne7; Cependant la philosophie utilitariste prônée par David Hume va remettre en cause cette humanisme basé sur la notion de dignité par la notion d'intérêt. Celui d'accéder au plaisir et ne pas souffrir remettant en cause la limitation des droits aux hommes. Le XIX ème siècle est celui du darwinisme et néo-darwinisme, aboutissant sur un déterminisme du Progrès qui est une nécessité pour une plus grande perfection et plus grand bonheur. Mais apparaît de même de façon progressive un décentrage de l'homme. L'homme qui agirait finalement qu'au travers de ses gènes, comme la développé Richard Dawkins dans son ouvrage de vulgarisation Le Gène égoïste8. Selon cette approche d'un réductionnisme radical de la théorie de l'Evolution, les phénomènes individuels et sociaux ne sont que des artifices destinés à faciliter la diffusion des gènes entre lesquels s’opèrent, en réalité, la sélection. Ce qui illustre bien le divorce entre la vision de l'homme de l'humanisme classique et de la tradition chrétienne. Ces théories évolutionnistes ont été utilisées pour justifier le libéralisme sur les bases du progrès, et a dérivé vers l'eugénisme et le racisme. Ce racisme ne se fonde pas uniquement sur des préjugés biologiques, mais surtout culturel, reposant sur la dominance culturelle ou le repli communautaire. L'antiracisme n'est pourtant pas l'apanage des biologistes car fondé surtout sur des valeurs morales (celle de la dignité humaine entre autre). L'ébranlement humaniste débouche sur une interprétation trop utilitariste de l'homme prônant la libération animale et ses conséquences: pratiques ex: xénogreffes et philosophiques: relativisme de la « valeur humaine » (et de la vie humaine par conséquent!) liée au niveau de la conscience de soi, pouvant entrainer des situations ubuesques... A l'inverse Certain pensent que seul le développement de la technique permettrait à l'homme d'accéder à un état supérieur qui justifiera l'accès à un droit exclusif. En fait ni l'une ni l'autre des solutions ne semble convaincre. Ce sont les qualités intrinsèques à la nature humaine qui lui a permis d'accéder au savoir, mais il a apprit qu'il n'est pas le centre du monde, avec une asymétrie entre un être responsable des conséquences de l'exercice de son pouvoir sur un monde de nature qui n'est en rien responsable, ni de lui, ni de nous9.

VII/Science et Progrés.

Au niveau du XX ème siècle, le bilan est contrasté. D'un côté un accroissement gigantesque des savoirs, des techniques, de la production de richesse. D'un autre, des conflits mondiaux hautement technicisés, des génocides, des accidents nucléaires, la pollution, l'explosion des inégalités. La nouveauté par rapport aux siècles précédents, c'est le recule général de l'espoir que le Progrès, inéluctable, parviendra à donner aux hommes la maîtrise d'un destin enfin libéré des excès de la violence et propice à l'épanouissement de chacun. Le problème c'est qu'aujourd'hui l'idée d'un avenir est compromis voir incertain, c'est surtout le constat de l'échec du modèle dominant américano-européen modèle de la mondialisation culturelle et économique que l'on voit. Il semblerait judicieux dans ce sens de réorienter l'usage de la connaissance et les activités humaines. La méthode de raisonnement scientifique a été établi pour la première fois par les grecques, mais ils ont aussi établis la notion de Justice et de solidarité (cf discours de Protagoras10). En tant que possesseur du savoir, de son aptitude au jugement moral l'homme est à l'apprentissage de la liberté, l'homme est responsable de ses actes et de ses choix. On en déduit que le Vrai n'est pas mécaniquement le Bien, qui lui est irréductible.
La technique est le propre de l'homme est a participé au processus d'hominisation. A l'inverse, le caractère innovant d'une technique, le progrès scientifique qu'elle représente n'ont aucune incidence sur l'analyse nécessaire des conséquences de sa mise en œuvre. La norme éthique ne vaut que si elle est compatible avec l'intérêt général et le respect de l'Autre dans son bien être, son autonomie, sa sécurité et sa dignité.
L'artificialisation du corps dans ce domaine ex: le clonage constitue dans ce sens une problématique connexe. L'auteur a choisi de développer le thème de l'éthique du sport. Les performances sportives deviennent si importantes que l'on peut s'interroger quant à sont but: le sport est-il une activité pour l'homme ou l'homme n'est-il que l'un des moyens nécessaire au succès des spectacles sportifs?
La science constitue l'un des fleurons de la raison humaine. Sa quête de la vérité, son souci d'objectivité, son ouverture à la réfutation par autrui en font un modèle attractif de relation sociale, au moins entre pairs. Aujourd'hui le statu de la science est remis en cause de part ces usages, notamment pour certaine de ces applications ex: plantes transgéniques et le clonage. On a longtemps statuée sur la question et la notion même de clonage thérapeutique. Cette polémique est née lors de l'affaire Dolly. Depuis 1990, la loi anglaise autorisait la création d'embryon humains pour la recherche dans le domaine de la stérilité et des maladies génétiques, à condition de les détruire avant le quatorzième jour. En 1996, on a du étendre le champ d'application de la loi de 1990, en rajoutant les recherches sur les cellules souches embryonnaires pour leur usage médical. On en conclu l'irréalisme des stratégies médicales reposant sur « le clonage thérapeutique ». Autre fausse idée, celle des arguments fallacieux reposant sur la souffrance d'autrui. Les discours sur le clonage continu aujourd'hui de façon plus ouverte bien qu'il faut y faire attention.
Il faut tout de même remarquer que dans cet engrenage du progrès à ses tares sociales, notamment celle de créer des inégalités entre riche et pauvre. Celle ci est exponentielle au fur et à mesure que la science progresse. C'est un cercle vicieux car lié aux profits. Pour que cela profite aux populations les plus défavorisés il faut un projet et une volonté. Les mécaniques internes des pays riches n'y mènent pas spontanément. A cette crise intérieure, il faut enjoindre une crise interne, celle de la désaffection des jeunes vis à vis des carrières technico-scientifiques. On interroge le rôle de la science, son implication, ses conséquences, pour un usage plus juste.


VIII/ Sang impure et déraison.

Entre 1981 et 1985, une affaire très grave frappe la médecine: la contamination massive des hémophiles et des polytransfusés par l'agent du sida. Ce désastre va avoir des conséquences assez étonnantes engrangées par la peur de la maladie. Notamment le retour d'une approche moralisatrice de la réalité des faits, une totale incapacité à envisager séparément la question du Vrai et du Bien, du mal, c'est à dire de la maladie et de la souffrance, et du Mal. Ce qui va avoir des conséquences assez importantes. Notamment au travers de la question des donneurs de sang et de plasma qui en France ne suivait de dépistage systématique car le sang de ces derniers était « vertueux » donc pur... Grave erreur! A l'inverse le modèle américain privilégiant des donneurs rémunérés et lui aussi exposé de par le fait que ces derniers le font pour des raisons essentiellement économiques, appartenant à des couches à risque.
Pour comprendre l'importance de cette contamination il faut rappeler la situation. La maladie du sida est rapportée pour la première fois en 1981, chez des homosexuels. Très rapidement cette maladie ce diffuse. En 1983, on voit les premiers cas chez des transfusés. Les hémophiles ont peur (et ils ont raison). C'est la France qui fait en premier la description de ce rétrovirus, on diffuse une lettre circulaire qui donne des instructions quant aux transfusés, mais pas appliquées. Une nouvelle lettre rappelle la directive en 1985. Mais trop tard le mal est déjà fait. La solution choisie fut celle du chauffage des concentrés de facteur VIII . Des erreurs sont encore faites, on attend, et on continu malgré tout à donné des fractions non chauffés (donc contaminés). L'ampleur du désastre peut être imputée à l'économie de marché et à sa logique, car en défavorisant les cryocongelés (méthode ancienne, mais moins dangereuse) durant cette période on a largement amplifié le désastre. De la même façon on a favorisé les farines animales dans l'alimentation des vaches, et je rajouterai qu'on est sur le point de recommencer!
Autre type d'erreur qui a fait que la France a eu un chiffre record de sida post-transfusionnel. Des reflexes protectionnistes ont retardés la venu du test américain, à cela se rajoute la peur des faux négatifs (et positifs aussi...). Ce qui a largement retardé la mise en place du dépistage obligatoire. Finalement, l'annonce par Laurent Fabius le 19 Juin 1985, de l'institution du test obligatoire de tous les dons de sang fut une décision politique répondant à l'inquiétude de l'opinion et ne correspond à rien qui ressemble à l'aboutissement d'une information normale des décideurs politiques par des experts conscients et responsables. La France a t'elle retenue la leçon? Apparemment non, au vu de ce qui s'est produit lors de l'été 2003.

IX/ Naître et être handicapé.

La question du libre arbitre se pose en ce qui concerne les handicapés, notamment ceux qui sont prévisibles par un dépistage prénatal. Doit on les laissés vivre? Cela est-il humain? Le débat est contrasté car le handicap est avant tout une épreuve subite par la personne elle même ainsi que son entourage. La naissance est la première étape, la naissance de l'être humain qui est forcément une construction individuelle, collective. Biologique, psychologique et social. C'est aussi une promesse, fragile soit, car le gachi reste possible. De là découle le désir de liberté condition de la responsabilité et de la créativité. Mais paradoxalement, c'est accéder à la certitude de la fin. Mais parfois cette naissance, incertitude bouleversante et exaltante, laisse place à des perspectives plus étriqués. Celles du handicap.

9.1 Qui plus que la mère ?

La loi du 17 Janvier 1975 sur l'interruption volontaire de grossesse pour motif thérapeutique défini les conditions dans lesquelles le diagnostique in utero d'un handicap avéré ou probable peut conduire la mère à une telle interruption. Elle constitue une avancée de l'exercice de la liberté de choix sous entendant (de façon implicite) les progrès de l'amélioration continue des moyens de dépistage et l'amélioration des conditions d'accueil des personnes handicapés. Cependant, tant pour des raisons matériels que social, ces deux conditions ne sont pas réunis. Les situations sont diverses et très fluctuantes selon les personnes intéressées.

9.2 L'affaire P et la jurisprudence

Quand est-il d'un point de vu pénal? Qui est responsable devant la loi lorsque par exemple une erreur de diagnostique s'immisce dans le dépistage prénatal. L'exemple de l'affaire P va donné à cet aspect des choses un tout autre signification. Des erreurs d'interprétation du taux d'anticorps chez une femme enceinte en 1982 va conduire à la conclusion en 2001 qu'il y a eu préjudice porté de la part du médecin et du laboratoire. Que dire? Un homme peut il reprocher à son médecin d'être vivant?( avant même que ce dernier ne puisse exercer son libre arbitre). Apparemment oui, car ce cas va faire jurisprudence.
Le 15 Mars 2001, le comité consultatif national d'éthique est saisi sur cette question

9.3 Une tentative d'approche raisonnable est humaine.

Le cas de l'affaire P est assez intéressante car elle montre de quelle façon les législateurs ont interprétés la loi du 17 Janvier 1975. Dans ce cas c'est le point de vu eugéniste qui a prit le dessus, alors que la loi sur l'IVG n'avait pas prit ce sens. C'est ce que va réajuster le comité d'éthique le 29 Mai 2001 et la loi du 22 Février 2002 en mettant en avant le devoir du social des français de s'occuper de ses handicapés assuré indépendamment de toute réparation judiciaire. Même si celle ci peut exister. Auquel cas, il faut en fixer les limites. Celui de la responsabilité sur la vie du patient en est une. On ne limite cette réparation au préjudice sans y inclure les charges particulières découlant tout au long de la vie de l'enfant.

Cependant l'affaire P a fait des remous, beaucoup de jeunes professionnels renoncent en masse à pratiquer l'écographie de peur du risque. Le débat existe encore aujourd'hui ( c'est d'ailleurs un sujet d'actualité) et il est avant tout publique et médiatique. A la fin du chapitre l'auteur s'interroge: « La complexité des situations humaines et la motivation de ceux qui y participent laissent-elles une place à l'ambition d'une approche raisonnable et humaine?

X/Femmes.

Pour aborder ce sujet (comme tous les autres par ailleurs) Axel Khan parle de ses connaissances issues de son expérience personnelle, en commençant par le rapport paternel à la femme, pour finir avec sa mère.

10.1 La puissance au féminin.

(Selon l'auteur) les femmes ont longtemps étaient victimes de la brutalité des hommes projetant leurs frustrations, notamment celle de ne pouvoir donner la vie.
Dans son équipe de travail les femmes « assurent », à valeur égal, elles ont en plus des qualités de gestion. D'hyperactivité intellectuelle, physique et affective.
Puis l'auteur s'interroge: Qu'est ce qui constitu la nature féminine au fait?
Une part d'inné, c’est-à-dire une sexualisation précoce prénatale de certains mécanismes mentaux, complété par le rebond hormonal de la puberté et d'acquis, c'est à dire la culture, la vie en société.

10.2 Être deux.

Le rapport de la société à l'amour est critiqué. Axel Khan considère que celle ci transmet une image quelque peux schizophrène vantant au même titre le concept selon lequel les partenaires d'un couple ne feront plus qu'un, tout en rappelant combien le respect des droits, des intérêts et de la liberté de chacun est essentiel. Lorsque le déchirement se fait, c'est le plus souvent la femme qui en fait les frais. Khan parle quant à lui au sein du couple l'épanouissement individuel et la dyarchie.


10.3 Différentialisme et universalisme.

Autre inégalité cinglante dans notre société, l'accès de la femme aux charges importantes, notamment celles de décisions, même ceux issus du vote des citoyens (la parité homme/femme n'est jamais assuré). Pour lutter contre cela alors que le bon sens et les sentiments de fraternités universelles ne suffisent pas... L'auteur est prêt à forcer les choses par la loi. Il défend ses idées avec conviction est réalisme.


10.4 Les commerces du corps.

Derniers problèmes évoqués par l'auteur dans cet ouvrage, celui des commerces du corp tout ou parti auquel l'homme n'est évidemment pas réductible. La prostitution n'est pas un problème typiquement féminin, mais ce sont en majorité les femmes qui sont le plus exposés. Mais le problème auquel nos sociétés sont confrontées est naturellement compliqué. Faut il légaliser? Incriminer? Mais qui? Le client ? Les trafiquants et souteneur? Les prostitués? Sans consensus en amont, cette question reste non résolvable. L'auteur prend la position contre la prostitution qu'il considère comme une oppression pour la majorité des femmes qui la pratique. Une forme d'exploitation de la misère (sous forme de servilité) et souvent une nécessité. Certains Etats souhaitent organiser la prostitution, plutôt que de s'échiner à pure perte à la réprimer, cependant en faisant cela on retire le statu de victime à la personne, c'est une sorte d'escroquerie intellectuelle. C'est pourquoi Axel préconise à l'image de la Suède, son incrimination. En insistant sur le fait que le corps des êtres humains (surtout des femmes) sont traités selon le même principe que ceux régissant le commerce du bétail!

10.5 Le passage féminin vers l'avenir

Le dernier passage justifi les propos précédent de l'auteur. Quelle est la part de la femme chez l'homme (dans le sens homo)? Il est sans conteste primordial. Dans le monde animal, la femelle choisie son partenaire en fonction de caractéristiques avantageuses pour sa progéniture. De la même façon la femme chez les premiers hommes acceptaient les avances des plus intelligents. De son coté l'homme parade. Dans l'évolution la femme a donc joué un rôle de sélection des capacités humaines. Puis de l'évolution biologique on est passé vers une évolution civilisationnelle de l'homme moderne. Dans ce monde l'homme a monopolisé tout les domaines cependant la femme a gardée une part de son rôle11, notamment dans l'éducation des enfants dans les premières années qui vont lui permettre de traiter les différents épisodes de l'existence. C'est dire combient la transmission par les femmes du désir de liberté, de la légitimité de la connaissance et de la valeur de l'autre conditionne l'avenir de la société.

Postface de l'auteur

Le but de cet ouvrage trente ans après le suicide du père d'Axel Khan est de faire le point à partir de l'exhortation de ce dernier: sois « raisonnable et humain ». Il adapte la phrase du père aux situations de la vie. En commençant par « faire durement les choses nécessaire », c'est à dire être responsable de ses actes., puis « raisonnable et humain ». Il entend par raisonnable deux choses: faire preuve de mesure, de prudence dans le sens de la phronésis grecque, et de discernement. Tandis que par humain, il comprend attentif, ouvert à autrui, solidaire, indulgent à ses médiocrités et celles des autres. Mais aussi la recherche de l'humain, de l'exploration de tout les recoins, tout les ressorts. Cependant à la différence du père, quelque peux ésotérique, le fils est plutôt matérialiste bien qu'il ne soit pas radical dans ce sens. En mode de conclusion le fils dépasse les aspirations du père (complexe oedipien accompli?)
« Alors, pour un moment encore, je continu » dis t'il. Dans le terme continuer doit on y voir la reproduction du système d'idée qu'il connaît déjà et qu'il défend au travers de son ouvrage? Tout en contredisant certaines idées du père, il en défend toutefois les principes qu'il a lu et interprétés au travers de ses idées.



Partie-2 Critiques:

Pour mesurer correctement la valeur de cet ouvrage pour l'historien, comme pour celui d'Etienne Klein, doit être jaugé d'après les objectifs qu'il s'est fixé. Celui ci est résumable par le titre de l'ouvrage. Avec toutefois un accès d'humanité est subjectivisme de façon croissante tout au long du texte. Cela n'est pas étonnant, si l'on sait qu'il s'agit avant tout d'une réponse personnelle à un problème personnel mais ayant un rayonnement général, car il recouvre en fin de compte toute l'humanité. Mais, mes objectifs doivent aussi être pris en compte, pour comprendre mon jugement. Mon ambition était de faire un pont entre la physique, la biologie, puis par corrélation au social. Un social tout aussi structuré que ce qu'aurait pu l'être les deux autres éléments. C'est une approche assez rationaliste et matérialiste, mais aussi imaginative, dans la mesure où je fais fi des frontières entre les structures. Bien entendu ma pensé s'est trouvé en conflit avec celle de l'auteur qui va trop loin dans son « humanisme » et ses convictions personnelles. Tout d'abord par la forme même des chapitres et des choix des thèmes qui me semble parfois incohérents. Ou se trouve la césure entre le matérialisme et la conviction? Approches théoriques, côtoient des exemples pratiques, largement interprétés par l'auteur « à sa sauce » sans réellement trancher. Voici que tour à tour, ce dernier ce met à parler de l'actualité et établir des liens hypothétiques entre tel ou tel élément (sans en apporter une appréciation convaincante). Toutefois, surtout en début d'ouvrage, il adopte une logique explicative et chronologique permettant de faire en quelque sorte un pont entre des temps différents, des interprétations différentes face à des situations différentes qui me semble très pertinentes, notamment celle concernant le passage de l'hominisation à l'humanisation, montrant que les échelles d'interprétation sont quelques fois gigognes. Je serai moins optimiste quant au reste de l'ouvrage, qui reste trop personnel, donc difficilement exploitable sur le plan conceptuel. Il immisce la notion d'humanité, mais son point de vu reste celui d'un médecin généticien. Très ancré dans les problèmes d'actualité le concernant, trop même. Il manque parfois de recul dans son ouvrage, et c'est regrettable. Mais peut être après tout voulait t'il nous faire comprendre que d'être raisonnable et humain était quelque chose de propre à chaque personne? Ou bien ne voulait-il uniquement soulager sa conscience, face à la mort de son père les leçons à en tirer? Voir même face à sa propre mort veut il opposer l'espérance de la continuité du lien?




Partie 3.- Objectifs à venir.


A la lecture de cette ouvrage, on peut dire que mes principaux objectifs, ont en parti été atteints. En parti seulement, car il manque une parti d'un maillon à la chaine. Rappelons les trois maillons principaux que je cherche à relier si vous en doutiez encore: « la physique, la biologie et le social. » L'interaction des trois dans leur sens le plus large12 étant à la base de toute les structures historiques en mon sens.
étant à la base de toute les structures historiques en mon sens.
Celui du biologique au social a bien été caractérisé par Axel Khan. Les trois se retrouvant, il reste à la assembler de façon cohérente est compréhensible par tous. Ce qui présuppose un langage commun. L'historien n'est pas détendeur d'un savoir absolu. Bien au contraire. D'ailleurs l'histoire n'a pas de concept propre, il ne fait qu'en emprunter aux autres disciplines. Plus la discipline est complexe et compartimentée, plus ses concepts sont dur à saisir et à exploiter. De telle façon que seul les personnes l'exercant peuvent avoir les outils nécessaires, pour pouvoir les exploiter de façon satisfaisante. Toutefois, même si ces derniers se mettent à l'exploiter, il manque l'essentiel... La déformation professionnelle fait le reste. Sommes nous à même de faire la part des choses? L'historien n'est pas à l'abri. Je ne citerai pas de nom, mais certaines conclusions aboutissent à de véritables romans de science-fiction13. L'objet de l'histoire est prisonniére du temps14, elle oubli que transgresser la bêtise c'est le seul moyen de la dépasser. C'est pour cela que je vous pose une question qui n'est par hors propos: si on oubliait de faire de l'histoire pour une fois, que resterai t'il?
La sociobiologie constituera le troisième opus de cette série. Suite naturelle de cet ouvrage, il est intéressant de s'interroger sur les liens qui peuvent exister entre le bios et le social qui a pour base la culture. L'on verra de quelle façon cette discipline (ou transdiscipline comme il n'en existe plus aujourd'hui) est discriminée de toute part, tant par les sciences du sociale que celle du vivant. Puis de quelle manière peut-on la réhabiliter en histoire et lui donner toute son ampleur sans avoir à la disqualifier ou en faire la dichotomie? La nouvelle histoire pourrait bien y trouver de nouvelles sources inattendus voir inhabituelles! La question du discours entre les différentes structures de la recherche sera aussi poser. Car il s'agit avant tout de retomber sur nos pas et en fin de compte, de changer la vision que l'on peut avoir de l'histoire sans pour autant s'éloigner de la réalité.









ANNEXES





Passages représentatifs de l'ouvrage.

Au fil des chapitres précédents, nous avons vu émerger des poussières d'étoiles un être vivant qui s'est rapidement diversifié. Certaines formes de vie ont été sélectionnées sur la base de leur capacité à percevoir et à traiter des informations complexes en provenance de l'environnement, et à y répondre par un évantail croissant de comportements adaptés. De ces lignages a émergé un primate prenant conscience de soi, capable de se projeter dans l'avenir, et parvenant à s'éduquer lui-même au contact des artefacts qu'il a appris a créer grâce aux échanges avec les autres dans une société interactive. Maintenant, nous sommes là, à nous interroger depuis des millénaires sur notre nature et notre statut. Nous connaissons le poid des contraintes biologiques qui nous sont imposées: nous devons mourir, nous sommes hommes ou femme sans l'avoir choisi, à la merci de maladies que nous ne savons pas toujours prévenir ou guérir. Si nous voulons voler comme les aigles ou plonger comme les dauphins, il nous faut faire appel à des engins plus ou moins encombrants et compliqués. De plus, les éléments eux-mêmes, voir le cosmos font peser mille périls auxquels nous ne savons pas toujours échapper: tempêtes, raz de marée, éruptions volcaniques, etc. La vie dans la société humaine est par ailleurs pleine d'aléas que nous ne pouvons éviter de subir. En d'autres termes, chacun sait combien il est dépendant de ce qu'il ne maîtrise pas. Mais que maîtrise-t-il au juste? Nul consensus n'existe pour répondre à cette question qui est celle de la signification du libre arbitre et l'authenticité (ou de l'illusion) de la liberté.

1-P74-75


Dans le monde occidental, on assiste aujourd'hui à une désaffection des jeunes vis-à-vis des carrières technico-scientifiques. Pourquoi? Il existe, schématiquement, deux motivations à l'engagement professionnel des jeunes gens: un idéal de vie et et le souci de la réussite professionnelle. Il n'y a d'ailleurs pas de contradiction absolue entre ces deux motivations. Or le modèle de développement techno-scientifique qui caractérise nos sociétés a perdu de son attrait moral a priori. Au début du siècle, encore, selon la vision progressiste, le savant et le technicien sont les plus sûrs garants de l'amélioration du sort et de l'épanouissement de l'homme. L'exemple du XX e siècle est riche, en ce domaine, de succès et de fractures.
Aujourd'hui la techno-science doit faire face à un certain scepticisme, voire à une remise en cause. Certes, ses réalisations sont éblouissantes. Néanmmoins on lui reproche d'avoir encore accru les inégalités, d'avoir contribué au développement des armes aussi bien qu'à celui des dispositifs et produits de nature à sauver ou à améliorer la vie de l'homme; d'avoir modifié les écosystèmes, faisant ainsi courir un grave péril aux générations futures... La notion selon laquelle une science apréhendée surtout dans sa dimension technique aurait par essence une valeur morale positive est contestée de tous les côtés.
Reste le souci des jeunes d'accéder dans les meilleures conditions, à une aisance matérielle qu'ils mettront, du moins ils l'imaginent, au service de la réalisation de leurs projets personnels. Or, en ce domaine, il est évident que les carrières des sciences et des techniques ne sont pas aujourd'hui celles qui permettent, le plus assurément, de connaître la réussite matérielle pour un effort raisonnable. En réalité, les études sont compliquées, les problèmes ardus et, à l'arrivée, il est bien rare que les créateurs de concepts scientifiques ne soit point dépassés, dans l'échelle sociale et dans le niveau de richesse, par le communicateur, le vendeur, le financier. Tous les mois se créent de nouvelles écoles de commerce alors que la plupart des filières techniques et scientifiques sont incapables de faire le plein et d'atteindre leurs objectifs de formation en nombre suffisant de diplômés de haut niveau.
Le modèle techno-scientifique issu du siècle des Lumières et du XIXe siècle, basé sur l'illusion d'une linéarité entre le progrès de la connaissance, le pouvoir d'agir et le bonheur humain, est largement dépassé au XXIe siècle. Comment refonder l'image de la science et de la technique?

2-P180-181

Les femmes, passeurs obligatoires de la vie, le sont aussi de la culture et de la civilisation. Les femelles primates qui les ont précédées ont, sans doute, joué un rôle déterminant dans le processus d'hominisation. Cela fait bien d'honneur pour le féminin, n'est-ce pas trop exagéré? Cet hommage d'un mâle n'est-il pas trop appuyé pour être honnête? Ne constitue-t-il pas une figure rhétorique complaisante? Il me faut justifier ces affirmations, excepté le don de la vie que personne ne conteste.
Commençons par les hypothèses actuelles concernant le rôle des femelles dans la selection naturelle, avant tout le développement du genre Homo et l'apparition de l'espèce, sapiens. Dans le monde animal, c'est en général la femelle qui selectionne son partenaire en fonction de caractéristiques qu'elle sait, par instinct, aventageuses pour sa progéniture, à laquelle elle lègue ses propres gènes. Par conséquent, le succès évolutif de la descendance d'une femelle, auquel contribuent les caractéristiques transmises par le mâle, assure aussi la pérennité de son lignage. [...]. Les mécanismes valent sans doute pour tout processus évolutif, en particulier celui des capacités cognitives.

3-P269-270.
Liens hypertextes:

Wikipédia, encyclopédie libre en ligne. Comprend sa biographie ainsi que sa bibliographie (que je cite plus bas)


http://fr.wikipedia.org/wiki/Axel_Kahn



Futura science (comprend un interwiew de l'auteur concernant son dernier ouvrage, L'avenir n'est pas écrit ).

http://www.futura-sciences.com/fr/comprendre/carte-blanche/scientifique/t/vie-2/d/kahn_13/#anchorfolder


Le site de l'institu Cochin.

http://www.cochin.inserm.fr/



Bibliographie du même auteur:


• -Axel KAHN, Société et révolution biologique : pour une éthique de la responsabilité, INRA éditions. Paris, 1996.

• -Axel KAHN et Dominique ROUSSET, La Médecine du XXIe siècle : des gènes et des hommes, éditions Bayard presse, Paris, 1996.

• -Axel KAHN et Fabrice PAPILLON,Copies conformes, le clonage en question, éditions Nil, Paris, 1998.

• -Axel KAHN, Et l’Homme dans tout ça ? – Plaidoyer pour un humanisme moderne, éditions Nil, Paris, 2000.

• -Albert JACQUARD et Axel KAHN, L’avenir n’est pas écrit, éditions Bayard, Paris, 2001

• -Axel KAHN et Dominique LECOURT, Bioéthique et liberté Collection Quadrige/Essais PUF, Paris, 2004.

• -Marie de HENNEZEL, André COMTE-SPONVILLE, et Axel KAHN, Doit-on légaliser l'euthanasie ? éditions de l'atelier, Paris, 2004.

• -Axel KAHN et Fabrice PAPILLON, Le Secret de la salamandre – La médecine en quête d’immortalité, éditions Nil, Paris, 2005.
• Biotechnologies, Progrès – Histoire, développement, débats actuels. Les leçons inaugurales du Groupe ESA, 2005.

• -Axel KAHN et Jean-François KAHN,Comme deux frères : mémoire et visions croisées, éditions Stock Paris, 2006.

• -Axel KAHN, L’Homme, ce roseau pensant... : essai sur les racines de la nature humaine, éditions Nil, Paris, 2007.

• -Roger-Pol DROIT et Axel KAHN, Vivre toujours plus ? Le philosophe et le généticien, éditions Bayard presse, Paris, 2008.

• -Axel KAHN et Christian GODIN, L'Homme, le Bien, le Mal. Une morale sans transcendance, éditions Stock, Paris, 2008.



NB: Ne croyez pas que la sociobiologie soit quelque chose de dépassé. Souvenez vous Giscard et Mitterrand, ne faisaient t'ils pas référence à cet être préhistorique qui serait le symbôle de la barbarie? (celles dont nous avons discutés) Je ne parle pas des discours d'extrême droite, ni celle d'un ex-ministre de l'intérieur dont je ne citerai pas le nom. En fait beaucoup de nos politiques sont basés sur des présuposés idéologiques issu du progrés, la sociobiologie (politique) n'en a été qu' un dérivatif moderne plus fataliste, une vision en négatif du progrés. Je le déplore, mais je me refuse de jeter le bébé avec l'eau du bain.

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