jeudi 18 septembre 2008

Les tactiques du chronos


Fiche de lecture: Etienne KLEIN. LES TACTIQUES DU CHRONOS



Lu (et non corrigé!) par Mme Geneviève Gavignaud-Fontaine 2007-2008.


SOMMAIRE


Introduction

I/ Résumé
II/ Apports théoriques et pratiques de l'auteur
III/ Critique
Annexes




Introduction:
Cet ouvrage est contemporain, il a été écrit en 2004 par Etienne Klein. Etienne Klein est avant tout un chercheur en physique. Il accumule les diplômes. Cela va du Bac mention très bien (1976) en passant par le Diplôme d'ingénieur de l'Ecole Centrale de Paris (option physique) et son DEA de physique théorique(1982) jusqu'à son doctorat en physique des sciences en 1999 reflet d'un parcours diversifié, quoique assez hésitant comme la affirmer l'auteur. Ses apports se font notamment au niveau de la recherche en physique appliqué et théorique surtout au niveau des faisceaux (lasers) et les phénomènes de vaporisation. Il a travaillé entre autre au projet MACSE (Module Accélérateur à Cavités Supraconductrices pour Electrons) dans lequel il a eu la responsabilité des calculs de dynamique du faisceau. Il a plus récemment travailler pour le CERN et sur le projet du collisionneur linéaire supraconducteur électrons-positrons de 500 GeV (TESLA). Il est ingénieur-physicien au CEA (Centre d'Etudes de Saclay) depuis 1983 et adjoint du Directeur des Sciences de la Matière au CEA depuis 1997. Il a aussi enseigné en philosophie des sciences et en physique quantique à l'école centrale de Paris. Dans son ouvrage, Il traite du temps dans une perspective physicienne et philosophique tournant autour de la définition même d'un temps que l'auteur s'efforce de nous présenter tout au long de cet ouvrage. Un temps trompeur. Ainsi on peut s'interroger quant à la trame de cet ouvrage. Qu'a voulu nous démontrer l'auteur? Dans quel but? Que peut on en déduire? Quels apports pour l'histoire? Trois parties permettront d'y voir un peu plus claire. Tout d'abord une première partie descriptive qui nous montre la thèse de l'auteur. Puis une seconde plus nous montrant la pensé de l'auteur et ses apports dans la recherche tant au niveau théorique que pratique. Puis une troisième plus critique permettant d'apprécier tant sur la forme que le fond les idées qu'il développe dans son ouvrage


I/Résumé


A/Le temps ça trompe forcément!


La question même de la définition du temps pose problème. Notre connaissance sur le sujet est «faussée» par notre perception du monde liée à la psychologie. L'auteur nous le fait comprendre dès le premier chapitre dont le titre évocateur «l'horloge est t'elle si parlante?» fait table rase sur tout ce que l'on croit connaître sur le temps: on a l'habitude de voir dans le mouvement d'une aiguille le temps qui se déroule de telle façon que l'on pense qu'elle se confonde avec ce dernier alors qu'un objet immobile est tout aussi temporel qu'un objet en mouvement. En fait le temps est constitué d'instants qui ne coexistent pas, et dont la durée n'est ni montrable ni saisissable. De même, la durée crée (artificiellement?) une continuité entre l'ensemble des instants sans toutefois faire apparaître le temps. Ainsi on ne perçoit du temps que ses effets, ses oeuvres, ses atours, ses avatars qui peuvent nous tromper sur sa nature. Pourtant on remarque que la mesure des durées est antérieur à l'élaboration du concept du temps physique, et les objets de mesures qui existaient, n'étaient pas forcément inertes comme on s'en aperçoit par exemple chez les égyptiens qui utilisaient la vessie de babouin pour mesurer les heures qui passaient. En fait, Le «pli du temps» prend racine dans les monastères quand au VII ème siècle une bulle du pape Sabinien a décrété que les cloches du monastère qui utilise une clepsydre associé à un marteau doivent rythmer les heures canoniques, marquant les moments consacrés à la dévotion. Au XIV ème siècle ce sont les tours d'horloges qui sonnent les heures rythmant les activités humaines et sociales, mais le passage du temps n'intervient pas lui même de façon quantitative dans l'étude des phénomènes naturels.
On s'interroge donc sur sa nature: qu'est ce que le temps? La simultanéité? La succession? Ou bien la durée? En fait on ne peut pas vraiment y répondre car en fait le temps est une définition dite primitive c'est à dire qu'elle se définie que par elle même, de plus il n'est pas un objet au sens usuel du terme. Le langage est donc mit en échec devant la nécessité d'en parler. En outre, on peut dire que le temps est paradoxal car en observant bien on se rend compte que la succession des moments ne signifie pas que le temps se succède à lui même. Ainsi le temps présent passe puisqu'il n'est jamais strictement le même, mais ne passe pas puisque en définitive on ne quitte un instant présent que pour en retrouver un autre. On imbrique de cette façon contradictoirement la permanence et le changement alors qu'en fin de compte on pourrait dire que c'est la réalité tout entière qui passe et non le temps!
Autre idée reçue que l'on a du temps, celle du temps et du devenir caractériser par la mythologie qui fait naître le temps, en fonction du présupposé que nul temps n'est présent si aucun changement se produit, alors que cela suppose en fait qu'il y ait déjà du temps ex: la séparation d'Ouranos et Gaïa. Ainsi le devenir présuppose le temps mais non l'inverse. C'est pourquoi en physique on distingue le cours du temps et la flèche du temps. Le cours du temps désignant la succession des événements et la flèche du temps le devenir des choses c'est à dire leurs changements, transformations c'est donc une propriété des phénomènes temporels.
Le temps est donc consubstantiel au devenir du monde: rien ne peut advenir ni persister en dehors de lui. Il est au minimum ce par quoi les choses persistent à être présent (ce qui est déjà exorbitant!). On peut parfois avoir l'impression qui ne s'écoule plus, mais ce n'est qu'une impression. Il y a une distorsion entre nos sentimentalités s'accommodant fort bien de l'idée d'un arrêt du temps, ou réclamant son suspend et notre intellect qui l'associe mécaniquement à un arrêt du temps à un arrêt du mouvement. Alors qu'en fait un arrêt du temps plongerait le monde dans le néant. Car des que quelque chose est là, il y a forcément du temps. L'arrêt du mouvement quant à lui signifierait uniquement un renouvellement du présent sans chose qui change, sans remettre nullement en cause le temps.


B/ Les concepts du temps mis à nu par la physique.


Quand on s'interroge sur le temps on se retrouve devant deux conceptions opposées du temps que l'on retrouve déjà chez les philosophes antiques. Il y 2500 ans Parménide considérait que le temps que le temps était inexplicable. Il pensait le mouvement comme une succession de positions fixes, tout devait être décrit à partir du concept d'immobilité, le devenir n'était donc qu'une illusion. De l'autre côté on a Héraclite qui avait un point de vu tout à fait opposé et qui proposait de confondre matière et mouvement. Dans l'opinion commune c'est Héraclite qui a gagné, il suffit pour cela de s'en référer aux expressions populaires comme par exemple «avec le temps, tout va», le mouvement devenant ainsi l'habit du temps son oripeau. Mais la physique s'est rangée du côté de Parmenide, en effet les lois qu'elle utilise sont à priori posées comme intemporelles comme extérieurs à l'univers lui même, la raison est simple: on ne peut fonder de théorie avec des concepts fluctuants. On a donc un présupposé des invariances en physique, postulant la constance dans le temps (théorème de Nother) avec pour corollaire la conservation de l'énergie et de la symétrie.
Jusqu'au XVI éme siècle l'idée commune du temps était centrée sur des préoccupations quotidienne avec une confusion entre la notion du temps et les effets de son passage, avec cependant quelques exceptions notables comme Albert le Grand (1200-80). Ceci jusqu'à Galilée qui est le premier à le conceptualiser physiquement. Ainsi à chaque instant correspond une valeur de la variable temps, notée t, et toute durée est faite d'instant sans durée comme une ligne est faite de points sans dimension. L'idée de temps physique en philosophie apparaît avec Bergson au début du siècle dernier. Il considère ainsi le temps physique comme résultant d'une simple extension de notre subjectivité de la durée, on passe ainsi du temps tel qu'il est vécu par notre conscience à la variable mathématique. C'est un temps perçu comme proche de notre subjectivité. Cependant Einstein va s'opposer à cette vison des chose car rien ne prouve qu'il soit possible d'instituer une correspondance entre la forme de la connaissance commune et la structure des choses. C'est bien l'intelligence et non l'intuition, qui permet d'élaborer les concepts aptes à rendre compte de la réalité physique.
Autre concept du temps mis à nu celui du temps cyclique. Cette idée nous viens de loin, d'ailleurs dans l'antiquité on considère le cercle comme la forme géométrique la plus achevée. Le cercle symbolisant dans la concept temporel l'éternel retour. On le retrouve tant dans les sociétés occidentales ex: les stoïciens, qu'oriental ex: les traditions brahamaniques se fondant sur l'observation des révolutions célestes. On le retrouve dans le monde contemporains chez les philosophes: ainsi Nietzche en se fondant sur la thermodynamique statique prône l'éternel retour des événements avec toutefois l'échappatoire du choix de ce que l'on veut voir revenir. Schopenhauer voit le temps comme étant refermé sur lui même. On a la même vision chez Hegel. Cependant ce n'est pas parce que l'histoire se répète que le temps tourne en rond. Car les événements peuvent revenir, pas les instants. De plus le cycle est la négation du temps car tout instant est périphérique et central car parcouru une infinité de fois par un point fixe et éternel. L'existence de cycles dans le temps ne signifie donc pas que le temps est cylique.
Parcontre, le cours du temps est parcouru dans un sens défini: du passé vers le présent on peut dire qu'il est linéaire. Pourquoi? Pourrait on dire. Car ce n'est pas si évident que cela en physique dans certains cas! On l'explique par le «principe de causalité»maintes fois modifiés pour des raisons pratiques mais dont une définition peut être donné ici: tout fait a une cause et la cause d'un phénomène est nécessairement antérieur au phénomène lui même. Que cela veut-il dire concrètement? Deux choses: le temps s'écoule de façon bien déterminé, et l'on peut établir une chronologie bien définie si les événements sont causalement reliés. Et d'autre par, les même causes produisent les mêmes effets. La causalité organise certaines répétitions événementielles et permet parfois à l'histoire de «repasser des plats». La linéarité du temps interdit donc ipso-facto le voyage temporel, de plus même dans l'hypothèse que cela puisse exister on en connaîtrait probablement déjà l'existence. Cependant cela n'est pas si évident que cela comme va nous le démontrer Mr Klein.


C/ De l'antimatiére au supercordes


Pour comprendre le temps en physique, il est nécessaire de se référer à la théorie de la relativité (générale et restreinte): d'après la physique newtonienne, l'effet de la gravitation entre deux corps exprimé par une force mutuelle d'attraction était censé se propager instantanément dans l'espace. Cette vision est opposée à la relativité restreinte formulé par Einstein postulant qu'une information ne peut se propager instantanément. Il considère la gravitation comme une manifestation locale de la courbure de l'espace. Dans la théorie générale de la relativité la courbure dit à la matière comment se mouvoir et la matière dit à la géométrie comment se courber. Cette théorie ouvre des portes, au point de faire dire à certains physiciens qu'il est possible de voyager dans le temps. De la théorie du cyclindre de Van Stockum (1967) à la théorie «des trous de ver» reprise par plusieurs physiciens comme Khip Thorne, Igor Novikov et Friedman. Mais celles-ci ont vites étaient contredites. Par exemple en ce qui concerne ces fameux «trous de ver» ils seraient très instables des leur formation et détruits par la moindre particule qui y pénétrerait! Cela s'explique par le fait que ces théories sont toutes soumises au principe de causalité. Il ne peut donc n'y avoir qu'une seule chronologie. Pourtant comme on la dit cette théorie ouvre des portes. Qu'est ce que cela veut dire? En physique classique que la forme du temps est linéaire et que nul ne rejoint le passé en allant vers l'avenir. En relativité restreinte que ni les longueurs ni les durées ne sont quantités absolues. C'est à dire indépendante du référentiel dans lequel elles sont mesurées. L'espace et le temps sont donc liés on parle «d'espace temps». Cependant cela n'est pas si simple pour la physique des particules qui ne se soumet pas à cette régle. On a du faire des adaptation notamment la création des anti-particules (d'énergie négative appelée antimatière) suivant le cour inverse du temps! Du moins en théorie car en pratique la découverte de ces particules, qui sont aujourd'hui crées artificiellement dans les laboratoires et le temps s'y écoule normalement. Le principe de causalité n'est donc pas une lubie!
La théorie de la relativité va remettre en cause autre chose: le concept de simultanéité. En effet d'un référentiel galiléen à l'autre les coordonnées d'espace et de temps ne se modifient plus de la même façon. Le temps se transforme en partie en espace et l'espace en temps. Elles deviennent l'une et l'autre relatives au référentiel dans lequel elles sont mesurées. Les durées ont donc élastique en relativité. Et la notion de simultanéité n'est plus absolu. Ce résultat découle de l'invariance de la vitesse de la lumière. Mais le principe de causalité est respecté car en passant d'un référentiel galiléen à un autre on modifie les intervalles de temps séparant deux événements sans en inverser l'ordre des lors qu'il sont causalement reliés.
Cependant certains phénomènes sont physiquement reversibles dans la mesure ou leurs dynamiques ne dépendent pas de l'orientation du cours du temps. Ce phénomène ce produit notamment pour le microcosme bien que l'on ne puisse donner d'explications clairs à ce phénomène et à sa non réciprocité dans le macrocosme. On pense que le macrocosme n'y est pas sensible de part sa complexité et dans l'environnement dans lequel il baigne ce qui leurs font perdre leurs propriétés quantiques. On a donc une flèche du temps qui est différent selon les échelles du temps.
Une expérience respectant le principe de causalité a permis de faire des découvertes fondamentales pour la genèse de l'univers. Il s'agit d'une expérience bien particulière que l'on appelle CPT. Combinant sur le papier trois opérations: le renversement du temps, la parité, et la conjugaison des charges. La violation de ces régles est appelée brisure et permet de faire des découvertes importantes notamment grace aux kaon neutre qui a levé le voile sur le mystère de la disparition de l'antimatière lors de la genèse de l'univers.
On a aussi fait la découverte l'intervention d'un substance inconnue qui joue dans l'expansion de l'univers, représentant 70% de la contribution de la masse total de l'univers. Mais aussi plus étonnant encore selon certaines théories actuellement ébauchées comme la cosmologie quantique qui affirme que l'expansion de l'univers pourrait être le moteur du temps. Son accélération signifierait lui même l'accélération du temps. Mais peux t'on dire que l'espace et le temps sont des entités «lisses»? Rien n'est moins sûr. La théorie «des géométries commutatives» repense l'espace dont l'aspect lisse surnagerait un réseau discontinu de points. Cela signifierait sachant que l'espace et le temps sont liés, que cette conception pourrait s'appliquer au temps.
Les limites de nos connaissances en physique concernant le temps nous ouvrant de nouvelles possibilités sont matérialisés par la «théorie des cordes». Les physiciens s'intéressent aux particules et à leurs interactions mutuelles dont quatre sont fondamentales: la gravitation, l'interaction, l'électromagnétique et deux interactions nucléaire agissant à l'échelle microscopique (forte et faible). Le problème étant d'englober la physique quantique et la relativité générale. La réponse est la «théorie des supercordes»: les particules y sont représentés de façon longiligne et sans épaisseur vibrant dans les espaces dont le nombre de dimensions et supérieur à quatre! Voir infini. Mais non perceptible à notre niveau. Certain font même l'hypothèse que l'une de ces dimension serait temporelle. Mais cela reviendrait à renoncer à la causalité telle que la connaissons aujourd'hui. Cependant beaucoup de questions restent en suspend en physique ces limites sont à des paradoxes comme par exemple l'origine de l'univers. Les origines du temps étant liées à celle de l'univers on ne peut donc pas parler de l'un sans l'autre!


D/ Des limites du temps physique au temps psychologique: vers un temps humain.


Il existe donc un temps physique qui est consubstantiel à l'univers. Avec l'homme est apparu un autre temps, proprement humain « un temps de conscience » qui traduit les façon dont l'homme vie et se vit. Les deux sont des temps différents. En physique le temps s'écoule de façon uniforme. En psychologie il vari selon les circonstances comme la montrée l'expérience des spéléonautes. C'est donc un temps discontinu. En ce qui concerne la conception du présent, en physique cela correspond à une durée non nulle se concentrant en un point. En psychologie c'est un mélange de passé et de futur, une durée unifiante. L'esprit assurant une certaine continuité, ce qui sollicite plusieurs régions cérébrales, car nous n'avons pas un sens du temps comparable aux autres sens. Diviser les deux est cependant illusoire car c'est en fait l'infini variété des humeurs qui déguiserait le temps physique. (rapport subjectif au temps physique).
On a parlé ici de la conscience, que ce passe t'il au niveau de l'inconscient? Pour Freud, les choses sont simple l'inconscient ignore le temps dans le sens ou il ne décline pas ne s'affaibli pas. Dans l'inconscient rien ne fini, rien ne passe rien n'est oublié. Mélangeant toute les histoires de façon éclatée. Pourtant contrairement à ce que Freud pense il est inclus dans le temps car ce dernier est le produit d'un processus. Le paradoxe de l'inconscient qui est considéré comme inaltérable et comprend ce qui est théoriquement oublié est plus durable que le souvenir normal et conscient. Un physicien quantique dirait que cette mémoire de l'oubli est une variable cachée de notre psychologie. Elle y propage des determinismes innaparents venant du passé et agissant à notre insu.
Le temps psychologique est donc bien elastique comparait au temps physique dont les concepts semblent solide. C'est oublié que le physicien est un homme est que la physique n'est pas la « Vérité », mais une vérité relative parmis d'autres. Ainsi le physicien ne peut comprendre le réel immédiat que pour autant qu'il le considère comme l'expression d'un autre réel, à partir de concepts fixistes car il ne peut comprendre le monde que par ce qui est préhensible, ce qui le rend inassouvi.
Les limites sont donc palpables, et ceci est lié à... Notre peur de la mort! En effet la science a voulu associer perfection et inaltérabilité. Car le temps est ce qui fait durée les choses et que rien ne demeure définitivement. De même on rattache la mort à la fin au néant à l'inconnu. Tandis que la mort dans le temps peut être interprété comme une singularité destructrice de l'être hors de la durée même de l'être. Les physiciens ont contournés le problème en le rattachant aux biologistes. Car la physique n'étudie exclusivement la matière que dans ce qu'elle a d'inerte. Hors la vie est une propriété émergente de la matière inerte. C'est une extra-territorialité de fait vis à vis de la physique opposé au principe mécaniste.
Alors pourquoi le physicien se sent si mal à l'aise avec le vivant? Car la mécanique est fondée sur le principe d'inertie. Avec pour corollaire la neutralité du temps: le mouvement persiste à être ce qu'il est sauf si une force vient la modifier. Et les objets inertes ne vieillissent pas. De plus, on peut dire que selon la physique tous les phénomènes ayant lieu au niveau microscopiques sont réversibles car indifférent au sens d'écoulement du temps. Finalement le physicien recherche des relations invariables entre le phénomènes, des rapports soustraits au changement. On ne peut donc parler de mort en physique. Les lois physiques la nient.
Dans ses derniers paragraphes, l'auteur tente d'ouvrir des pistes pour donner une réalité physique à la mort tout en montrant les limites conceptuels de sa discipline. En comparant la mort à un phénomène physique qu'il connaît: tout ensemble d'objet cherche à occuper au maximum l'espace dont il dispose compte tenu des interactions qui existent entre les objets. Les structures initiales ordonnées en son sein finissant par disparaître. Le problème c'est que ce principe ne marche que pour des systèmes fermés l'organisme ne l'est pas. Mais ce clivage pourra être dépassé grâce aux ponts qui se forment entre la physique et la biologie. En mode de conclusion on peut se demander si finalement la mort = le temps?en tout cas elle joue beaucoup dans notre appréhension du temps car la mort détermine notre propre durée et elle est irrémédiable.


II/ Apports théoriques et pratiques de l'auteur.


.Son apport idéologique à la recherche est assez originale s'apparente à celle de Bernard d'Espagnat et Merlau Ponty qui tout comme lui fait « des découvertes philosophiques négatives », grâce à ses connaissances en physique. Le déclic vient d'un quolibet de Victor Weisskopf son professeur de physique des particules qui après avoir tracé les trois axes (Ox,Oy et Oz) se baisse pour passer sous l'axe Oz en disant :« On ne sait jamais, l'axe Oz existe peut-être vraiment » . Il décide ainsi d'étudier le monde de l'infiniment petit, j'enseignerai la physique d'une façon si possible vivante et originale, et de questionner ses implications philosophiques.. En montrant que certaines affirmations qui prétendent à une validité philosophique n'en ont pas en vérité. Car, je cite « La physique n'est pas une philosophie, mais elle peut détruire certains préjugés de la pensée philosophique. Elle ne pose pas de concepts de droit, mais elle est capable d'inventer des biais pour pallier la carence des concepts traditionnels. Elle provoque ainsi la philosophie, s'incruste dans certains de ses débats et y joue parfois le rôle d'arbitre. »1. C'est à peu prés dans cet esprit qu'on été écrit la plupart de ses ouvrages de vulgarisation et de réflexion sur la philosophie physicienne et notamment sur le temps qui est au centre de plusieurs d'entre eux: "Le temps" (1995),"Le temps et sa flèche - actes du colloque", ed. Etienne Klein et Michel Spiro (1996),"Les tactiques de Chronos"(2004), et plus récemment:"Le Facteur temps ne sonne jamais deux fois" (2007). Autant dire que Etienne Klein est incontournable dans tout ce qui concerne la question du temps tant en physique qu'en philosophie. On peut conclure en citant sa dédicace adressé au site internet futura science: « La culture scientifique devient désirable si elle n'énonce pas seulement les principes, les équations, les résultats mais nous permet de saisir les passions singulières qui les ont voulus, pensés et créés. ».


III/Critiques:


La vision du temps physique d'Etienne Klein est assez cohérente. Il a un style clair et concis et explique son sujet de façon pédagogique. Il est par conséquent très accessible même pour des non initiés. Pour ma part il est donc pas question de le critiquer sur le fond car il fait allusion à des concepts complexes hors de la discipline historique. De plus il doit être jaugé d'après les objectifs qu'il s'est fixé. Toutefois il est intéressant de voir la façon dont il construit son étude. Il s'agit ici plus d'une démonstration qu'autre chose. Ainsi L'auteur n'utilise l'histoire uniquement comme alibi (de façon sporadique disséminé à travers le texte) et se permet parfois des raccourcis de plusieurs millénaires ex: entre les égyptiens et le monde médiéval; et en grossi les traits en ne se justifiant uniquement quand il sent un de ses concepts mit en danger ex: la référence à Albert le grand. On peut dans ce sens considérer que le temps historique a quelque peux était négligé, mis à part le chapitre concernant le temps cyclique dans lequel on en trouve quelques traces. Il ne s'agit encore la que des vues tirées de ses positions philosophiques. L'explication est simple: La présentation des choses correspondant (Etienne Klein est un physicien enseignant en philosophie) plus à celle d'un philosophe qu'a celle d'un historien . D'ailleurs le plan adopté dans ses démonstrations est volontairement dialectique. Tout d'abord l'auteur commence à interroger un concept, ensuite il y répond en donnant en premier lieu l'idée « commune » qu'il réfute immédiatement après. On remarquera ainsi que l'auteur ne reconnaît que deux temps ,évinçant par la tout autre type de temps physique et psychologique qu'il tendra à subordonner au premier, pour finalement en reconnaître les limites face à la mort .
Conclusion:
Ses références sont diverses et riches tant sur le plan physique, historique, philosophique, biologique, et psychologique. On reprochera cependant à l'auteur de ne pas avoir épuré celles ci, et les avoirs utilisées parfois hors propos et avec fantaisie dans certaines circonstances ex: celle du film « retour vers le futur » de Robert Zemeckis (1985), ou « Les visteurs » de Jean Marie Poiré. On lui reprochera aussi l'absence des temps historiques et de l'histoire elle même. Mais peut on lui reprocher sa clareté? Les concepts de la physique moderne sont complexes et l'ouvrage de Klein a pour avantage de se mettre à la portée de tous. Cela lui réussi preuve en est que son ouvrage a reçu le prix « La science se livre » en 2004 pour les tactiques du chronos . L' étudiant en histoire (voir même l'historien qui sait?) a beaucoup à recevoir des sciences physiques tant sur le plan technique que conceptuel, une autre façon de voir les choses. Cela ne peut être que profitable.




ANNEXES




Passages représentatifs de l'ouvrage.
[...] lorsqu'il est question de temps, la physique contemporaine pulvérise les lieux communs, ébranle les vulgates, ouvre l'horizon. Dopée par de récents succès en physique des particules et en cosmologie, elle n'hésite pas à « jouer » avec le temps, à formuler d'audacieuses hypothèses-celle de la discontinuité ou de sa pluralité, par exemple- qui paraîtraient folles si de puissants arguments d'ordre théorique ne permettaient pas de les envisager. Ainsi réactive-t-elle d'inusables questionnements, qu'elle éclaire d'un jour nouveau, en même qu'elle en formule d'autres, inédits. Le temps est-il apparu « en même temps » que l'Univers ou la-t-il précédé? Comment s'est-il mis en route? Qui lui a donné la chiquenaude initiale? Est-il dans le monde ou le contient-il? En quoi consiste ce temps dont on dit qu'il s'écoule alors qu'il est toujours là, ce temps qui ne change pas mais qui fait tout changer? Quel est son véritable rapport aux choses? Existe-t-il indépendamment de ce qui survient, se transforme, s'use, vieillit, meurt? Les fameux « trous de ver » sont-ils vraiment des machines a voyager dans le temps? Quelles sont les convergence entre temps physique et temps vécu?
Certaines de ces questions, jusque-là dévolues à la seule métaphysique, se trouvent aujourd'hui posées dans le champ même de la physique. Ce glissement donne, semble-t-il, des arguments à ceux qui pensent qu'un nouvel Einstein pourrait bientôt acquérir une intelligence complète et définitive du temps. Pareille illusion ou méprise ne vient pas de nulle part. Les conquêtes de la physique contemporaine sont telles qu'elles alimentent l'espoir de pouvoir, un jour, conclure à propos de certaines « grandes » questions, notamment celle de la nature du temps.
En attendant, le temps mathématisé des physiciens- le seul « vrai » à leurs yeux- a peu à voir avec l'idée commune de temps. De là à penser que le temps passe son temps à ruser et à nous abuser, ou que nous passons notre temps à le confondre avec nos perceptions des phénomènes temporels, il n'y a qu'un pas... Nous recouvrons le temps de propriétés fallacieuses qui, en définitive, le masquent.
P14-15-16


Le temps des physiciens est un être simple. Sa seule et unique dimension le dote d'une topologie plus pauvre que celle de l'espace, qui, lui, en possède trois. En fait, il n'existe pour la « forme » du temps que deux configurations possibles, et deux seulement. Soit la ligne qui le représente est ouverte, soit elle est refermée sur elle-même. Dans le premier cas, elle se ramène à une droite. Dans le second, elle équivaut à un cercle. Il n'y a donc que deux types de temps possibles, le temps linéaire et le temps cyclique. Ce que nous avons appelé le « cours du temps » se manifeste sur ces deux types de courbes par le fait qu'elles sont orientées, c'est-à-dire parcourues dans un sens bien défini, du passé vers le futur. C'est pourquoi, sur la courbe du temps, on place souvent une petite flèche indiquant dans quel sens elle est parcourue.
Pendant des siècles, la magie du cercle a opéré et l'idée d'un temps cyclique a prévalu en dépit des difficultés logiques qu'elle soulève. Puis le temps linéaire l'a emporté. Cette victoire de la droite sur le cercle serait, selon certains historiens, un héritage indirect du christianisme primitif. L'invocation d'un dessein divin qui devrait conduire finalement au règne de Dieu sur terre a sans nul doute contribué a renforcer l'idée selon laquelle des événements fondateurs d'un temps nouveau peuvent survenir, par opposition à la conception cyclique, qui impose un perpétuel recommencement des mêmes événements: pour qu'un événement soit unique, singulier, le déroulement du temps ne doit pas pouvoir se répéter. De ce point de vue, l'une des différences entre judaïsme et christianisme consiste en ce que, pour le premier, le Salut est encore à venir puisque le Messie est toujours attendu, tandis que pour le second le « centre de l'histoire » se situe dorénavant dans le passé, dans la mort et la résurrection du Christ.
P85-86


La plupart des physiciens s'accordent aujourd'hui sur des modèles d'univers particuliers, dits de big bang, au sein desquels règne un temps « cosmologique » lié à l'expansion de l'Univers et auquel la relativité générale donne un statut; Ce temps cosmologique partage avec le temps newtonien la propriété d'être universel: des observateurs qui ne sont soumis à aucune accélération et ne subissent aucun effet gravitationnel mutuel peuvent en effet synchroniser leurs montres, et celles-ci resterons en phase tout au long de l'évolution cosmique. Grâce à ce temps, on peut raconter les grandes étapes de l'histoire de l'Univers qui, disent les astrophysiciens, se déploie sur quinze milliards d'années: la matière élimine l'antimatière, son double antagoniste; puis la lumière se sépare de la matière, rendant l'Univers transparent à sa propre lumière et la matière libre de se structurer; naissent alors les galaxies, les étoiles et toutes les formes qui peuplent le ciel nocturne. Se déclinent ainsi des généalogies, des liens génétiques: les étoiles sont les mères des atomes, elles ont pour ancêtres des nuages de poussières, dont la matière provient de l'Univers primordial.
L'Univers, c'est maintenant certain, a eu une histoire.
P174-175


Définitions:
kaon neutre: Les kaon neutres sont des particules de courte durée de vie, formées d'un quark étrange et d'un anti quark.
Macrocosme: Univers des grandeur allant des échelles humaines à des échelles astronomiques.
Microcosme: Univers des grandeurs infinitésimales visible uniquement au travers des microscopes à balayage (et encore...)
Quantique: Relatif au monde des particules atomiques voir sub atomiques
Référentiel: En physique un référentiel est un système de coordonnée permettant d'obtenir des mesures de positions et de temps d'un ou plusieurs objets.
thermodynamique statique: Dans le cadre de la physique statique, on peut démontrer que tout système classique évoluant selon des lois déterministes fini par repasser par un état aussi proche que possible de son état initial, au bout d'une durée plus ou moins longue, mais jamais infinie. C'est le sens du « théorème de récurrence » de Poincaré, démontré en 1889.


Bibliographie:


Fiche de lecture: Etienne KLEIN, Les tactiques du Chronos, ed Flammarion, Paris 2004, 220 p.
Du même auteur2:
▪ '"Conversations avec le Sphinx, les paradoxes en physique", le prix du meilleur livre scientifique de l'année 1993 en Allemagne (1991)
▪ '"Regards sur la matière, des quanta et des choses'", avec Bernard d'Espagnat (1993)
▪ "Le temps" (1995).
▪ "Le temps et sa flèche - actes du colloque", ed. Etienne Klein et Michel Spiro (1996)
▪ "L'Atome au pied du mur et autres nouvelles", prix du meilleur livre de littérature scientifique de l’année (2000).
▪ "L'unité de la physique" (2000).
▪ "La quête de l'unité - L'aventure de la physique", avec Marc Lachièze-Rey (2000).
▪ "Sous l'atome, les particules".
▪ "La physique quantique".
▪ "Trésor des sciences : dictionnaire des concepts", co-auteur (sous la direction de Michel Serre)
▪ "Petit voyage dans le monde des quanta", prix Jean-Rostand (2004)
▪ "Il était sept fois la révolution, Albert Einstein et les autres" (2005)
▪ "Le Facteur temps ne sonne jamais deux fois" (2007)
Sites internet:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Étienne_Klein
http://www.futura-sciences.com/fr/comprendre/dossiers/doc/t/physique/d/les-enigmes-du-temps_575/c3/221/p1/
http://www.futura-sciences.com/fr/comprendre/carte-blanche/scientifique/t/matiere/d/klein_101/#anchorbio
1 http://www.futura-sciences.com/fr/comprendre/carte-blanche/scientifique/t/matiere/d/klein_101/#anchorbio
2 Pour la mise en forme de cette bibliographie se plaindre à: http://www.fr.wikipedia.org/wiki/Étienne_Klein

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