lundi 10 novembre 2008

vision de la Révolution par les historiens.


fiche de lecture: Eric J.HOSBAWM, Aux armes historiens, deux siècles d'histoire de la Révolution française, édition La découverte, 153 p, 2007.

De quelle façon les historiens à travers le temps (à partir du XIX ème siècle) ont interprétés cet événement ?

Pour les hommes du XIX ème siècle, la Révolution est vu comme un événement d'une importance suprême. Cette manière de voir tien non seulement aux conséquences historiques considérables à l'époque révolutionnaire, mais également à la nature singulièrement dramatique et spectaculaire de ce qui s'était déroulé en France et à travers l'expérience française, en Europe et même au-delà dans les années qui suivent 1789. Pour Thomas Carlyle qui a écrit dés les années 1830, celle ci fut européenne. C'est une histoire de la terreur, et la période de la République jacobine de 1793-94 reste connu sous le nom de Terreur. C'est précisément cette image de la Révolution qui a pénétré au plus prés la conscience publique, à travers Carlyl ou Dickens. Une fresque romanesque et populaire d'une histoire nourrie d'héroïsme et de hauts faits, avec des figures de prou tel Robespierre, Saint-Juste, Danton, Napoléon. Pour les intelectuels, elle a donné lieu à une prose d'une force et d'une lucidité laconique merveilleuse.Toutefois, pour ceux qui se tournent vers elle au cours du XIX ème siècle, l'impact majeur de la Révolution est politique et idéologique. Ainsi on va voir en premier lieu, la Révolution française comme le prototype des révolutions bourgeoises. Puis on va l'examiner comme modèle pour les révolutions ultérieures et leurs promoteurs, et finalement on va s'intéresser à l'évolution du jugement politique sur la révolution française entre la commémoration de son centenaire et de son bicentenaire et à son influence sur ceux qui écrivent ou ont écrit son histoire.

I- Une Révolution bourgeoise.

Considérer la Révolution comme une révolution bourgeoise, peut paraître démodé pour certains historiens. Toutefois, il est important de remarquer que les hommes ayant vécu cette période la voyait précisément ainsi. L'auteur fait allusion à une tendance initié dans les années 1950 par Alfred Cobban et les revisionnistes tel que François Furet et Denis Richet dans les années 70. Cet attaque fut dirigée essentiellement contre ce qui était perçu comme une interprétation marxiste de la Révolution ou plutôt « l'interprétation marxiste » plus ou moins formulée dans les vingt années qui suivent la seconde guerre mondiale. Mentionnons cependant que selon ces mêmes chercheurs, que le concept de la révolution bourgeoise ne se retrouve pas plus d'une douzaine de fois dans les 38 volumes de Marx-Engels Werke. En résumé le révisionnisme a critiqué et continu à critiquer la représentation de la Révolution française comme une révolution sociale nécessaire, un pas essentiel inévitable dans le développement historique des sociétés moderne, et bien sûr comme le transfert de pouvoir d'une classe à une autre. Bien évidemment, cette vision est réductionniste dans le fond et dans la forme du modèle présenté et des interprétations proposées par les grands spécialistes. Ainsi cette interprétation n'était pas spécifiquement marxiste, bien que entre 1900 et la seconde guerre mondiale, la tradition orthodoxe de l'historiographie révolutionnaire se soit trouvé de nombreux points de convergence avec la tradition marxiste. Pourquoi? Car c'est inévitablement par la révolution que viendrait le triomphe; et de la même façon que la société bourgeoise avait été en relation avec le féodalisme qui l'avait précédé et renversé, la nouvelle société socialiste serait l'ultime étape du développement de la société humaine. Cependant cette hypothése est indéfendable, car elle sous tend la conscience de classe bourgeoise, ce qui n'était pas le cas avant 1789. Et même si l'on peut mettre en évidence une telle classe dans les années 1780, son intention n'était certainement pas d'entrependre une révolution sociale, mais de réformer les institutions du royaume. En fait, comme Marx la lui même mentionné, l'idée de la lutte des classes dans l'histoire dérive en droite ligne des travaux d'historien de leurs temps, comme François Guizot, Augustin Thierry, Adolphe Thiers, François Mignet. Déjà en 1815, Pierre Louis Roederer faisait allusion à la classe moyenne dans l'Introduction à la Révolution française, et présenté par Jean Jaurès dans son histoire socialiste de la Révolution française comme la référence fondatrice de l'interprétation socialiste de classe. Déjà des 1820, pour Guizot comme pour Thierry (et plus tard Marx) cette épopée avait commencé avant la Révolution française, dont elle constitué le summum d'un processus débuté au moyen âge, au XII ème siècle. Ou doit-on voir ls germes du libéralisme en réalité? Dans les écrits de Adam Smith et Jean Baptiste Say, puis dans idéologie répandu bien avant la révolution du « laisser faire, laisser passer », adopté par les bourgeois libéraux de la Restauration qui visaient la mise en place d'un capitalisme industriel. Va s'établir rapidement un rapport entre développement économique et industrialisation dés 1814 (cf Saint Simon et Victor Cousin). Cette idée d'économie industrielle s'est développé comme une prolongation naturelle de la pensée éclairée su XVIII ème siècle, le produit du progrés général des lumières-liberté,égalité, fraternité, de l'économie politique et de la production. Avec ce qui est nouveau l'émergence d'une « classe moyenne ». Cf l'ouvrage d'Alfred Mignet en 1824: Histoire de la Révolution française. Mais aussi Tocqueville, en parlant de la révolution de 1830 qu'il voit comme la seconde édition réussie de 89. En 1817, Thierry pensait que seules la France, l'Angleterre et la Hollande étaient acquises au libéralisme. Dans ce schéma, l'Angleterre est considéré comme devancière de la France, et comme un modèle à suivre ( ainsi l'envisageait Thierry et Guizot influencé par Walter Scott) s'inspirant de la révolution anglaise 1649 (cromwell) et 1688. L'idéal de Guizot semble avoir été l'unité nationale sous l'hégémonie bourgeoise. Guizot explique la différence entre l'Angleterre et la France par le fait que le féodalisme britannique avait consisté en la conquête par une noblesse normande d'un régime anglo-saxon établi et structuré, permettant une resistance populaire organisée, entretenant l'attrait pour les anciennes libertés anglo-saxonnes; l'équivalent français résidait dans la conquête par les nobles francs d'une population désagrégée de Gaulois, inconciables mais impuissants. D'ou leur brusque soulèvement lors de la Révolution. A la différence de l'évolution britannique, pouvant servir de modèle à la France d'après 89: la Grande Bretagne avait renversé son Robespierre et/ou son Napoléon (Cromwell), rendant possible une seconde révolution, la Glorieuse révolution de 1688, destiné à installer un système durable. Ce que la France tentait de faire en installant la monarchie de Juillet en 1830.
Entre le XVII ème et le XX ème siècle, les histoires de tout les Etats « développés » à l'exception de la suède, ainsi que toutes les principales puissances du monde moderne ont connu, une ou plusieurs ruptures historiques identifiables à des révolutions. Les libéraux ont du expliquer et justifier celles ci, en tenant compte du fait de légitimer la révolution libérale, et de justifier le triomphe bourgeois. La théorie de la révolution necessaire et inévitable remplit ces deux critères. Cependant, il faut savoir que c'est la Révolution qui a créer la conscience de classe, et l'emergence de la classe dite moyenne (strate entre l'aristocratie et le peuple). Ce sont les classes disponibles décrtes par l'abbé Seyes dans son pamphlet qu'est ce que le tiers état. Les libéraux de la Restauration, quel que soit leur effroi pour tout ce qui a pu se passer dans le pays n'ont pas rejeté la Révolution. Leur façon d'écrire exprimé une conspiration générale en marche contre les anciens bourbons.. Cependant, même les libéraux de la Restauration ont refusés d'abandonner les épisodes, jusqu'aux plus extrême comme le jacobinisme, indéfendable selon leur logique, mais la Révolution est vu avant tout selon les termes de Guizot, comme un tout. Une clarification s'impose ici, il faut comprendre que, pour les libéraux modérés, la Restauration de 1814 consituait non pas une concession à la réaction sous la pression de la défaite, mais exactement ce qu'ils souhaitaient, car Napoléon a protégé la bourgeoisie contre les dangers qui la menacent, mais en les excluant des affaires publiques et en absence de droit civique. La Restauration a rétabli les éléments d'un gouvernement constitutionnel, sans les dangers d'une démocratie excessive, ressemblant à l'institutionnalisation des acquis de la Révolution avant 1791. Guizot, pensait aussi au modèle en parlant des rois et des peuples. En bref, contre l'Ancien Régime et la démocratie, le nouveau monarque était le meilleur rempart contre Napoléon, et le régime de 1830 était la solution la plus souhaitable. Tocqueville n'était pas autant optimiste que Guizot et Thiers, et pensait que le cadre de la démocratie devrait inexorablement s'élargir plus tard1.

II-Dépasser la Révolution bourgeoise.

De 1789 au lendemain de la première guerre mondiale, la Révolution française a dominé l'histoire, la langue et le symbolisme des politiques occidentales. Ainsi pendant prés d'un siècle et demi, le drapeau tricolore français a servi de modèle dans toute les partis du monde. On peut même dire qu'elle a plus influencé que la Révolution américaine! Pourquoi? Car dans les sociétés européennes, les réformateurs ou les révolutionnaires ont pu se reconnaître plus directement dans l'Ancien Régime français, que dans les colons libres et propriétaires d'esclaves, de l'Amérique du nord. Ce fut donc un modèle pionnier, pour ceux qui ont proposé de mettre en oeuvre la révolution, notamment celle ayant pour objet, la transformation de l'ordre social. C'est à partir des années 1830 ou, au plus tard, des années 1840, que la référence à la Révolution s'est installée au coeur des mouvments sociaux de la classe ouvrière. En France, après 1830, l'idéologie et le langage de la Révolution se sont diffusés dans les régions et des couches de la population des campagnes. Hors de France, les paysans sont restés hostiles aux idéologies portés par les citadins. Et même s'ils pouvaient le comprendre, c'est par une terminologie différente qu'ils ont justifiés leurs propre mouvement de contestation. De leur côté, les travailleurs urbains ou les ouvriers de l'industrie n'ont eu aucune difficulté à adopter la langue et le symbolisme de la révolution jacobine, que l'extrême gauche française avait spécifiquement adaptés à leur situation, notamment après 1830 en identifiant le peuple au prolétariat. Puis fut adopté par toute l'Europe centrale dans sa composante sociale et symbolique. Le temps que se développement les importants mouvements ouvriers de l'Europe continentale, la Révolution française comme tradition de transformation politique active et insurectionnelle avait de fait était réduite à sa composante populaire et prolétaire. Ainsi la commune de Paris de 1871 rattachait les jacobins à la tradition révolutionnaire prolétarienne, en particulier à travers la nécrologie analytique éloquente qu'en proposait Marx. En ce qui concerne la référence à la Révolution en Europe, plus l'évenement était imposant, plus la comparaison avec 1789 s'impose. Ainsi en Juin 1917, Current History Magazine, une revue américaine dépendant du New York Times, publi un article anonyme avec pour titre « Les révolutions russe et française 1789-1917: parallèles et contraste ». Ainsi on y compare les philosophes des lumières comme Voltaire et Rousseau avec Tolstoï, Herzen et Bakounine en Russie, Marie Antoinette avec la Tsarine d'origine allemande, l'assemblé constituante avec la Douma. Puis la période jacobine, avec la révolution Russe.
A la fin du XIX ème siècle, exception faite de la Turquie et de la Russie (mettons de côté les enclaves de San Marin et Andorre), l'Europe était composée de monarchies qui avaient dû composer avec la Révolution, ou avec des classes moyennes qui avaient du accepter de coexister avec les anciens régimes. Les monarchies necessitaient une adaptation à l'ère du libéralisme et de la bourgeoisie. En retour elles avaient compris que la plupart des bourgeois libéraux sauraient se contenter d'une version abrégé de leur programme en échange de garanties contre le jacobinisme, la démocratie ou tout autre forme de gouvernement pouvant conduire à une poussée populaire mal maîtrisée. Car, les bourgeois voulant se libérer de l'analyse historique, qui en fin de compte les menaçait. L'analyse des classes valable dans ce sens pour les communistes français ne l'était plus pour Thierry (après 48), elle était pertinente pour l'ancienne société mais non pour la nouvelle, car la nation qui s'était réalisée dans la Révolution française formait maintenant un tout, un et indivisible. Pour Marx la révolution bourgeoise constituait un début: la première phase nécessaire de la révolution socialiste. Dans ce modèle de pensé, le jacobinisme tenait une place particulière, car en tirant à gauche la révolution, elle la tire en dehors de ses limites bourgeoises. De la découle la dialectique exposé par Marx, de révolution permanente, pour renverser la bourgeoisie. Cependant, ce modèle n'a pas marché, dans les deux cas ou la gauche s'est radicalisé en 1799 et en 1848 et 51, avec la prise de pouvoir de Napoléon, et la mise en place d'un régime autoritaire, que l'on appel bonapartisme, voir césarisme. Par la suite de cet événement facheux que fut la jacobinisme pour les bourgeois, on a la répétition victorieuse en 1830 de 1789-91! Mise en oeuvre par une bourgeoisie libérale, préparée au danger jacobin, elle a renvoyé chez elle la masse mobilisée avant qu'elle n'est comprit qu'elle a été bernée. De la même façon, on a considéré l'année 1848 comme une variante de la Révolution originale, avec un challenge Jacobine/sans culotte renforcé par une extrême gauche représentant le nouveau proletariat, celle ci n'eut toutefois jamais l'occasion de parvenir au pouvoir, parce que mise en minorité, manoeuvrée, provoquée dans une insurrection isolée en Juin 1848 et brutalement éliminée. Mais comme après thermidor en 1794, les modérés victorieux ont manqués de support politique et ont ouvert la voie au second Bonaparte. Même la commune de Paris de 1871 correspondait au modèle de la révolution radicale de 1792, tout du moins dans ses aspects municipaux: la commune révolutionnaire, les sections populaires, etc. Ces parallèles avec la Révolution montré bien que la France n'a pas réussi à mettre en place un pouvoir stable depuis 1789. Soit dix ans de révolution, quinze ans de régne de Napoléon, quinz ans de Restauration, dix-huit de monarchie de Juillet et quatre ans de IIème République et dix neuf de second empire. Après 1870, il semble que la République démocratique parlementaire constitue la bonne formule pour un régime bourgeois durable. Dans ce système, les ultra ont pu être intégrés au système. Mais la période jacobine n'était plus d'un intérêt directement opérationnel. La Révolution française a fait son retour comme point de référence en Russie. Les parallèles semblaient évidents: une monarchie absolue d'ancien régime en crise, la nécessité d'institutions bourgeoises et libérales, qui, sous le tsarisme, en pouvaient être obtenues que par une révolution, d'autant plus que même les réformateurs modérés s'apparentaient aux révolutionnaires dans la mesure ou il n'existait aucun contre pouvoir au Tsar. Ainsi les intellectuels russes, baignaient dans l'histoire de la Révolution française. Ainsi, c'est à l'anarchiste Pierre Kropotkine, auteur de la grande Révolution que l'on doit ce qui fut pendant longtemps le meilleur récit rédigé selon un point de vue de gauche disponible dans le monde (1914). En 1905, Lénine qualifiait les mencheviks de girondins. En ce qui concerne la comparaison avec 1789-99 n'est pas allée au dela des généralité (révolution raté). A l'inverse 1917 et les années qui ont suivi ont été plein de références à la France révolutionnaire, jusqu'à chercher des personnalités russes équivalentes aux célèbres figures de la révolution française, ainsi on pouvait comparer un Lenine à un Robespierre, ou bien un Trostki avec un Saint Just. De nombreux débats vont avoir lieu pour savoir si les bolcheviks pouvaient être comparés à des jacobins.
La société des études Robespierristes, entra elle aussi dans l'affaire. Albert Mathiez, qui était la plus grande autorité sur le sujet, voyait en Lenine un Robespierre qui a gagné, et en Robespierre, une préfiguration de Staline. L'importance même de la Révolution Russe au XX ème siècle et de ses repercutions internationales a eclipsé 1789, instaurant un régime social révolutionnaire qui est allé délibérément au delà de la phase démocratique bourgeoise et s'est maintenu de façon permanente et s'est révélé capable d'en engendrer d'autres. Transition de la révolution bourgeoise à la révolution prolétarienne. Ce fut la deception, amenant à « l'age de fer stalinien ». Le tiers etats s'était désagrégé une fois l'ancien régime vaincu, l'assise sociale de la Révolution s'est ainsi rétrecie, et le pouvoir ne fut exercé que par un nombre de plus en plus restreint de personne, on constate le même phénomène pour le peuple russe qui ne pése pour rien.

III-D'un centenaire à l'autre.

De la III ème à la V ème République, il y a eu différentes phases de l'interprétation de la Révolution:
La première phase s'étendant de la fin du XIX ème au début XX ème. La première vague a semblé refléter l'institutionnalisation de la III ème République comme démocratie se référant la Révolution en tant qu'expérience fondatrice. Cette période est marqu » politiquement par la victoire de la République sur de nombreuses crises, comme l'affaire Dreyfus, la loi sur la laïcité, et par l'émergence du parti radical. Cf l'ouvrage de Hedouard Herriot sur l'hommage à la Révolution, passé 1900, l'historiographie révolutionnaire s'est déplacé vers la gauche en termes sociaux. Il n'est pas anodin, que le livre majeur de Mathiez ait été consacré au problème du prix des subsistances et aux troubles sociaux à l'époque de la terreur. Ou que Lefebvre successeur de Mathiez, consacre sa thèse aux paysans du Nord pendant la Révolution et que Soboul s'interesse aux sans culottes parisiens (aux masses militantes). On s'interesse donc plus à la Révolution en termes socioéconomique, les exemples que l'on peut donner sont celui de Labrousse, Marcel Reinhard. Mais aussi Jacques Godechot, ancien président de la société des études robespierristes. Cela n'était pas la marque du marxisme, mais plutôt la montée du mouvement ouvrier et du socialisme: la marque de Jaurès. Mais il y a eu une convergence d'intérêt. Elle s'est trouvé renforcé par la monté du fascisme international.
Ce moment du capital car le fascisme était l'expression par excellence de ceux qui avaient rejeté la Révolution. En effet, jusqu'au milieu du XX ème siècle, on pouvait définir l'extrême droite par son opposition à la Révolution. Elle voulait renverser la marche de la Révolution. Le seul moment ou la droite française renversa la République, entre 1940 à 44, elle tint la monarchie à distance. La position de l'Eglise catholique du temps de Vatican I ne prête pas au doute, elle aurait aimé abolir 1789 partout où c'était possible, mais elle n'y réussi qu'a l'espagne sous le régime franquiste (ou les francs maçons furent persecutés). De même le fascisme était contre la Révolution (tant en Allemagne qu'en Italie. A l'inverse l'union antifasciste se construisit autour de la Révolution, tout comme le front populaire en 36. Les révolutionnaires incarnant les patriotes français authentiques, les sauveurs de la France au terme d'une guerre nationale, pour la défense du pays contre la réaction intérieure. Mais par la suite, le vocabulaire du patriotisme et du nationalisme français et passé de la gauche à la droite, qu'elle a su se réaproprier sous l'influence du communiste et de la resistance.

IV- Survivre au révisionnisme.

La thése (dans le sens hypothése) d'Alfred Cobban dans le sens de la Révolution française est la pierre de touche du révisionisme de l'importance de la révolution en histoire. Avec sont pendant en France avec François Furet. Les débuts du révisionnisme nous renvoient à une époque où ces nouvelles recherches n'existaient pas, au moment où Cobban (1901-68) lançait son attaque contre le concept de Révolution bourgeoise. Ce qui confirme que le débat n'a jamais porté sur les faits, mais sur leur interprétation. L'un des principaux arguments que les révisionnistes opposent à ceux qui considèrent la Révolution française comme bourgeoise et qu'une telle révolution aurait du selon les hypothèses marxistes, permettre le développement du capitalisme en France, or l'économie française n'a pas bien fonctionné au cours de la période révolutionnaire
Cependant, il est indéniable que l'historiographie républicaine classique, a tendu à devenir une orthodoxie pédagogique et idéologique resistante au changement. Ex: dans les années 50, quand R. Palmer et Jacques Godechot élaborent la thése de la « révolution atlantique », suggérent que la Révolution française n'a été qu'un moment d'un mouvement plus large contre les anciens régimes occidentaux, l'hypothése a été rejetée avec indignation dans les cercles d'historiens marxistes. Les objections qu'on leur opposées sont essentiellement politiques. Car les communistes durant ces années étaient méfiant vis à vis du terme « atlantique » (opposition Est-Ouest). D'autre part suggérer que la Révolution française n'est pas un phénomène unique et, historiquement important, car elle affaibli le caractère exceptionnel et l'impact universel des « grandes » révolutions passées et à venir.Cependant, les défis lancés aux interprétations idéologiques ne doivent pas être confondu avec les révisions historiques. Ceux la minimisent ce qui a été à l'esprit de Carlyle, la révolution, en préférant l'interprétation de Tocqueville, qui soulignait les continuités en histoire, ainsi que pour guizot qui se défendait d'un retour aux maximes à l'ancien régime et à l'adhésion aux principes révolutionnaire. Toutefois l'on constate une disproportion entre la réalité du fait, et les passions qu'il a suscité
Par la suite, la crise du marxisme français après 68 a affecté la Révolution pour des raisons à la fois générale: car la gauche s'est consituait à l'image de la Révolution, et particulièrement du jacobinisme, et parce que l'histoire révolutionnaire a tenu lieu de théorie politique et de terrain de reflexion pour la gauche (François Furet parle ainsi de cathéchisme révolutionnaire en se référant à Mathiez, Lefebvre, Soboul d'une part et Jaures et Lucien Herr d'autre part). On s'attaque donc aussi à ce que les intellectuels de gauche ont bâti depuis 1840, et les libéraux ont fait depuis 1810. Mais d'autres raisons expliquent qu'à partir des années 70, qu'une telle rétrogadation de la Révolution est devenu possible. Notamment la transformation économique de la France d'après guerre, que l'on compare celle du XIX ème. Pourtant, au regard des standards du XIX ème siècle, la France était dotée de l'une des économies les plus développées et industrialisées. L'affirmation que la Révolution est terminée, n'est compréhensible qu'en prenant la mesure extraordinaire de la discontinuité de la Vème République, entre ceux qui acceptaient 1789 et de ceux qui le rejetaient, puis, avec de la disparition de l'option bonapartiste avec la prise de pouvoir de De Gaulle, pourtant issu d'un milieu catholique traditionnel et monarchique. Des lors la politique de la V ème République se démarque des précédentes. Certes, la gauche Républicaine était sortie plus forte que jamais (fusionnant la tradition de 1789 avec la resistance), mais cette gauche déclina rapidement, et le socialisme qui avait à peine survécu à la IV ème République semblait disparaître jusqu'à l'intervention de Mitterand au début des années 70, mais sans rapport avec la vieille section française de l'internationale. Le communisme quant à lui commença à décliner dans les années 80 Pas étonnant alors que l'on ait vu la Révolution française comme une affaire bien éloignée de la politique française. Pourtant l'historiographie universitaire de la Révolution française et la fille de la III ème République, figure symbolique de l'instituteur. Aujourd'hui cette figure n'est plus d'actualité, c'est plutôt celle du jeune cadre dynamique et de l'intellectuel médiatique. Paris, désormais capitale embourgeoisée et entourés de banlieux satellites ou vie le « peuple ». En ce qui concerne le déclin de l'interprétation marxiste dans le monde, il faut la lier à une crise progressive de l'idéologie aux vu des importantes transformations d'après guerre, appellant à de nouvelles interrogations historiographiques (ex: sur la définition du bourgeois par Arno Mayer). Remarquons toutefois que cette question n'a pas seulement attiré l'attention des marxistes. Le problème de la révolution bourgeoise s'est retrouvé au centre d'un ensemble de débats entre des historiens qui n'étaient pas du tout marxistes, jusqu'à s'imposer dans les discussions sur les origines du nazisme au cours des années 60-70. Si l'on pouvait parler d'un Sonderweg ayant conduit Hitler au pouvoir, c'était à cause de la révolution bourgeoise manquée de 1848. A la différence des libéralismes anglais et français, qui avaient marché, le libéralisme allemand ne disposait d'aucune conquête historique à laquelle s'adosser. Inversément, les opposants à la thèse du Sonderweg soutenait que la bourgeoisie allemande avait obtenu la société qu'elle souhaitait, en s'épargnant les aléas de la Révolution. Et Tatcher devait terminer la révolution bourgeoise laissée en plan par Cromwell...

Conclusion ( tiré de la postface inédite de l'auteur en 2007):
Qu'elle est l'évolution historiographique depuis 1989?
En fait, cette période est marquée par la disparition de la version de l'histoire révolutionnaire exposé par François Furet, qui dans sa forme extrême rejette à la fois le total des facteurs socioéconomique et le déni de la portée historique de l'événement et de ses réalisations. Avec des conséquences notables toutefois en terme de volume de recherche. Ce n'est pas le cas dans le monde anglophone ou l'on continu de la questionner et de l'analyser. Depuis 2000, des livres importants ont été publiés par David Andress, David Bell, Alan Forrest etc. La Révolution y retrouve sa porté, extraordinaire et durable sur le temps long. Une nouvelle lecture fait son apparition au travers des concepts aussi influents que la culture politique, la sphère publique (Habermas), la société civile, l'analyse du discours (notamment en ce qui concerne l'évolution du sens des mots au cours d'une période), la nouvelle « histoire des sentiments » et enfin l'accent mis sur les pratiques, les actions et les motivations des individus au coeur du changement. L'auteur parle aussi de la longue durée2, en faisant allusion à un champ qui est selon lui trop peu prospecté: la paysannerie et la vie rurale. On voit ainsi le retour du social dans le champ de la Révolution française, le concept de bourgeoisie est ainsi reprit, par Collin Jones par exemple qui parle de « bourgeoisification ». Il conclu que l'expression « révlution bourgeoise » conserve sa valeur et qu'elle ne peut pas être exclue des analyse de la Révolution française. De même l'analyse de Garrioch retracent la transformation des vieux bourgeois de Paris. Retraçant la prise de conscience des classes moyennes à se considérer comme la « bourgeoisie » au sens que lui donnera le XIX ème siècle. La phase furetienne passé, il convient aux français de redonner la place de la Révolution à l'étranger, ainsi L.Hunt démontre que le nombre de livres anglais comprenant le mot right a explosé de 95 en 1780 à 418 en 1790, de mêm e que l'influence napoléonnienne à l'échelle mondiale. L'histoire des 150 ans qui ont suivi 1789 en Europe, dans le monde ibérique et dans les régions occidentales de l'Islam pourrait être écrite en se contentant de référence marginales à la Révolution américaine, mais elle sera toujours incompréhensible sans la référence constante à la Révolution française, à l'héritage intellectuel et matériel qu'elle a laissé sans parler du nombre de drapeau inspirés de manière évident du drapeau tricolore!

1Bien qu'après 1848, il en fut agacé.
2Il est devenu de plus en plus évident que la Révolution est née d'une histoire-économique, sociale, culturelle, intelectuelle- de la longue durée, celle du XVIII ème siècle français associe la continuité à la rupture et à l'innovation. Toutefois, l'histoire est plus perçu sous un prisme culturel d'un point de vu epistémologique.

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