jeudi 23 octobre 2008

les actes du colloque de cérisy: ethologie, civilisation et mondialisation.

Voila comme prévu (avec un peu de retard, ma dernière fiche de lecture sur le sujet).


SOMMAIRE


Introduction

I-Ethologies et civilisations


1.1. Développement et éthologie des peuples


1.2. Civilisation et mondialisation


1.3. Éthologie et prospective.


1.4. L'éthologie des peuples, une nouvelle discipline?


II- La civilisation mondiale problématisé dans l'optique de sa refondation: cultures, développement et modernité .


2.1 La construction politique de l'Europe requiert-elle la référence à son identité de civilisation?


2.2 Refonder la mondialisation chinoise.


2.3.culture et développement: des objets quantifiables?


2.4. Entreprise et modernité au Maroc, et ses problèmes de légitimation
.

Conclusion


III. Critiques


Annexes


Introduction:


Des formes du savoirs que nous avons perçus précedemment au travers de manuels, et autres ouvrages de vulgarisations, nous passons maintenant, à sa production. L'un ne vaut pas l'autre, et il est évident que le premier, bien que formaté, est plus abouti dans sa conception que le second. Mais dans ce cas, il n'est plus uniquement le reflet d'une pensée, celle de son auteur répétant ce qui existe déjà . Mais d'un groupe de personne autour de pistes de reflexion. Il s'agit ici du compte rendu des actes du colloque Civilisations et mondialisation: de l'éthologie à la prospective qui s'est tenu du 2 au 12 Août 2003 au centre culturel international de Cerisy-la-Salle avec le soutien du ministère de l'équipement et de la RATP. Coordonné par Jean-Eric Aubert qui est fonctionnaire international, tout d'abord à l'Organisation de coopération et de développement économique de 1973 à 2000 puis à la banque mondiale depuis 2003, et José Landrieu, responsable de la prospective au ministère de l'équipement en 2003. Ainsi que 26 participants, traitant chacun un thème en liaison avec un des 7 chapitres du compte rendu. Mais ici, seulement quelques thème transversaux, représentatifs de l'ouvrage ont été traités. Parmi lesquel on retrouve divers auteurs (ormis les coordinateurs qui en font parti): Thierry Sanjuan géographe à l'université Paris-I associé au centre Chine, Abdelkébir Mezouar consultant, LMS Conseil, fondateur du Centre d'études et de recherches des dirigeant au Maroc et Jean-Pierre Sémériva sociologue d'entreprise et consultant en fonctionnement humain des organisations à Paris, et Laurent Murawiec directeur de recherche à Institut Hudson à Washington. Cette fiche de lecture ne doit pas être interprété comme un résumé, mais une vision, et dans un second lieu, une appréhension transversale d'approches pratiques concernant le thème abordé dans cette ouvrage. La question se pose surtout, plus que la question de la civilisation et de la mondialisation, autour de la production des savoirs, et de leurs légitimations. Il y a une collusion entre ethologie et prospective et civilisation et mondialisation à ce niveau. Car si il faut prévoir quoi que ce soit à de telles niveaux, nous entrons dans le conflit d'intérêt. Doit-on quantifier les donnés pour mieux prévoir, ou bien s'en remettre à des donnés plus sensibles, beaucoup moins précises en ce sens, mais plus légitime, si l'on s'en réfère aux modèles antiques, employés jusqu'au XIX ème siècle? Dans cette perspective, le plan du devoir comporte deux parties principales. La première, le résumé renvoyant à l'esprit du colloque, et sa façon d'aborder les différentes problématiques liées au thème de l'éthologie et prospective en premier lieu, puis de civilisation et de mondialisation, ceci de façon assez succinte, représentative, mais non exhaustive. Puis dans un second lieu, la critique, qui va définir les grandes lignes positives et négatives inhérentes à cette logique, tout en tentant d'en retirer quelque chose par l'histoire, qui reste toujours le médian de cette recherche.

I-Ethologies et civilisations

1.1. Développement et éthologie des peuples (Jean-Eric Aubert).

L'éthologie comme science du comportement, est le plus souvent utilisée pour décrire le comportement des animaux. Mais dans le cas des hommes, cette discipline permettrai aussi d'avoir certain recul, un regard « froid » et objectif sur notre espèce, ainsi qu'à construire une nouvelle discipline. Celle-ci aurait pour but de compléter l'analyse économique, et de constituer des modèles prédictifs du développement sur le long terme.
D'après Jean-Eric Aubert, les cultures constituent des ensembles cohérents de comportements. Elles seraient principalement caractérisées par des modes d'insertion dans le réel, ce que l'auteur appel ethos. L'auteur étend cet ethos au domaine de l'anthropologie. Selon lui les dispositifs anthropologiques résultent des conditions objectives dans lesquelles les sociétés se sont constituées, et influeraient en retour sur leurs trajectoires de développement (soit leur devenir). Il est donc important d'identifier les ethos, comprendre leurs genèses, prévoir leurs effets, dans le cadre d'une analyse éthologique des peuples et pour tenter de définir ce que l'auteur appel lui même « l'arbre des peuples », avec plusieurs niveaux de différenciations entre civilisations, et au sein même d'une même civilisation, et à différentes échelles, jusqu'à celui des provinces et des cités.

• Au fondement de toutes les civilisations se trouvent les sociétés primitives, dont le rapport au réel semble fondé sur la participation. C'est en puisant mentalement dans l'énergie du monde et du vivant qui l'habite que le primitif trouve la force de chasser victorieusement ses proies et de surmonter ses maux. Sur le plan de l'organisation sociale, l'individu est « enchâssé » dans la communauté, avec un rapport de participation affective.

A partir de cet ethos originel, les civilisations actuelles vont tirer leur propre ethos:

• La civilisation occidental posséderait un ethos de distanciation, prenant racine à Sumer dans l'apparition de l'écriture première distanciation abstraite au réel. Cette posture est renforcée par les grecs qui théorisent leur philosophie sur la compréhension de l'étant (eion), et par l'apport judéo-chrétien, et le monothéisme. La représentation distanciée du monde se généralise à la fin du Moyen Age avec l'invention et la diffusion de la perspective dans la peinture. C'est grâce à ce processus de distanciation que l'occident acquiert la maîtrise du monde, celle ci s'opérant notamment par la technologie.
• L'Extrême orient aurait un ethos d'immersion prenant forme en Chine. Celle ci se voit dans l'écriture pictographique, proche du monde qu'elle représente. Le processus d'immersion se trouve conforté par les expressions notamment l'art, les relations humaines basées sur l'informel, l'omniprésence de l'eau. Cette posture d'immersion facilite l'adoption des technologies et modes d'instrualisation venant d'occident.
• L'Islam serait caractérisé par un ethos d'absorption du réel. Ce qui se voit dans la manière absolue dont s'est construite la religion. La stagnation qui suit rapidement la floraison de cette culture pourrait provenir d'un phénomène d'inversion mentale (nommé involution), un retournement intérieur résultant des coups d'arrêt et humiliation infligés par l'occident.
• L'Afrique ancrée encore dans cet ethos participatif, semble fonctionner sur un ethos de résonance avec le réel, favorisant la communication et l'imitation, mais pas l'intégration.
• L'Amérique est un mélange d'ethos, un métissage, ou l'on retrouve la mentalité des indiens, celle de l'occident amené par le colonisateur ibérique, et de l'Afrique amené par l'esclavage. Ce manque de racine propre expliquerait les difficultés de ce continent à adapter durablement ses systèmes économiques et politiques.

Au fil des siècles, les différentes civilisations vont intégrer les apports des unes des autres, mais sans perdre leurs culture initiales. Cependant des mutations devraient se produire avec la mondialisation actuelle, avec pour effet d'accélérer certaines formes d'intégration.

Au sein même de la civilisation occidentale par exemple, on distingue, différentes aires culturelles: anglo-saxonne, latine, germanique (ou rhénane), scandinave, slave et finno-ougrienne. Se distinguant par leurs fondements anthropologiques, au travers du langage, de la religion, de la famille et de l'Etat. Chacune s'organisant en systèmes avec des affinités électives, influant sur les valeurs et les structures de la société en question.
Ainsi pour les sociétés anglo-saxonne, on va parler d'individualisme exposé plutôt ancré dans le concret, pour les latines protégé plus ancré dans l'abstrait, pour les germaniques coopératifs, ancré dans l'englobant. Chacune de ces cultures donnant naissance à des dispositifs économiques et industriels particuliers que l'on connaît aujourd'hui.
On retrouve se même schéma au niveau des nations, en tenant compte des fondements anthropologiques des peuples et de leurs expériences historiques. Ce qui nous permet de mieux déterminer leurs trajectoires. L'auteur prend comme exemple croisé de la Finlande et de la Corée comme « success stories », marqué tout les deux dans leur passé par la guerre froide, mais aussi par structures primitives encore vivace, se manifestant par un sens communautaire marqué ainsi qu'une grande proximité de la pensé et de l'action. A cela va s'ajouter la modernité et la technologie abordée sans se poser de question, de façon « pragmatique ». On a donc investi et reformé dans les secteurs clefs que sont l'éducation, la recherche, l'industrie, la finance. Celaa permis de dépassé les crises et de réussir économiquement et socialement.
Dans le scénario intermédiaire, nous avons l'exemple de la Russie et du Brésil. La Russie qui selon l'auteur n'est pas assez confronté au réel de manière entreprenante et autonome à cause de l'autorité de l'Eglise orthodoxe et des organisations familiale. Une langue qui favoriserait la créativité, mais non la discipline de la pensé. Et un pouvoir autoritaire s'étant constitué en empire des ses débuts, et s'étendant à l'Est, jusqu'à formé le plus grand territoire du monde! Pas de fort principe de réalité selon l'auteur. Ce qui expliquerait le régime communiste, peu réaliste et efficace, qui s'est effondré des qu'il a du s'ouvrir aux influences extérieures. Le Brésil quant à lui, a été construit dans l'autoritarisme, et accepte de grandes inégalités, qui peuvent perdurer longtemps (ex: esclavage en forêt amazonienne). Faiblesses et dépendances vis à vis de l'extérieur, en matière d'investissement et de capitaux, manque de profondeur financière.
En parlant des dérives génocidaires, Aubert donne quatre exemples: le Cambodge, le Liban, le Rwanda et l'Algérie. Bien qu'éloigné culturellement, ces pays ont en commun d'avoir été déracinés par la France et la Belgique colonisatrices, ce qui a entrainé de fortes déstructurations mentales, favorisant une perte d'identité, à cela s'ajoute le jeu consistant à dresser les communautés les unes contre les autres pour faciliter le travail du colonisateur.

Les peuples ont chacun leur façons et leurs rythmes propres de développement qu'il faut respecter. Cela n'empêche pas de chercher à agir et infléchir les conduites en prenant la mesure de leurs forces et faiblesses. De même, il faut s'attaquer à l'évolution des bases anthropologiques qui conditionnent les comportements. Est-il possible de transposer les méthodes thérapeutiques employées pour les individus? Peut-on agir à l'échelle d'un peuple? L'agencement des échelles spatiales, n'est pas un problème insurmontable, mais cela nécessite de mettre en commun nos connaissances: éthologie animale, anthropologie, histoire, économie, psychologie, neurosciences, mathématiques.

1.2. Civilisation et mondialisation (Josée Landrieu).

Peut-on lier la notion de civilisation à celle de prospective? La seconde permet-elle d'éclairer la seconde?
Une série de colloques ont permis de faire des rapprochements entre les deux. Le premier colloque organisé en Juin 1999, dont le thème était Prospective de la gouvernance. Dans ce colloque on a traité principalement des facteurs qui œuvrent à la transformation du monde. Il en ressort que les coexistences de tendances contraires, multipliés les futurs possibles, de même les autorités voient leurs légitimité s'affaiblir, d'ou l'essor du concept de gouvernance, répondant à cette nécessité d'établir de nouveaux système de légitimité et de connaissances. Cette gouvernance requiert bien entendu plus de démocratie. Ces sociétés ne sont donc plus uniquement observatrices, mais actrices de leurs destins dans le sens qu'elles en ont conscience, prenant part aux décisions d'organisation du monde. A cette capacité d'adaptation on a opposé l'immobilisme des institutions.
Dans ces sociétés les rapports entre passé, présent, futur tiennent une place importante. Notamment le présent pour les civilisations occidentales. Celui-ci est un temps de réagencement et de réinterprétation collective. Nos pensés changent en même temps que nos pratiques de « l'ici et maintenant ». Le passé et le futur ne déterminent l'avenir que parce que nos esprits le conçoivent ainsi, en fonction de notre représentation du présent. Cette vision peut être modifiée par la prise en compte de nouvelles sources de connaissances. Ce qui interroge les notions d'espace-temps, de dedans, dehors et du progrès.
A cette question du temps, on a lié celle de la mort. Prendre en considération les comportements face à la mort, nous permet de mieux comprendre l'attachement aux systèmes clos de certaines sociétés et de leurs difficultés à changer de légitimité. C'est sur ces peurs de l'inconnu, assimilées au chaos que les institutions se basent pour assurer leur stabilité! Il y a donc inadaptabilité à pratiquer l'instable. Ces sociétés doivent finir gérer leur mort pour pouvoir être dans un mouvement renaissant.
Le deuxième colloque avait pour thème, du savoir des experts à l'intelligence collective. Une intelligence alternative à celle de l'expert existerait, ce serait celle du collectif. Le premier aurait un statu qui donne du poids au système de pensée qu'il produit, ce qui lui permet d'ériger sa connaissance en vérité universelle. Permettant de rationaliser les décisions et de les soustraire à un réel « sensible ». L'intelligence collective quant à elle, est plutôt basée sur un processus de « reconnaissance », non détaché du réel contrairement à celle de l'expert qui est vrai, mais semble abstraite. Les deux types d'intelligences, ne sont pas incompatibles, à condition d'ouvrir le dialogue et de réajuster les théories, pour que ce dialogue puisse avoir lieu. Ce deuxième type d'intelligence modifierait la forme de la pensé. Le dialogue entre civilisation doit passer à la fois par la question de la légitimité, et des processus de reconnaissance associés à la connaissance. Une autre question corrélative à cette dernière est soulevée: celle de l'écart des savoirs détenus par les institutions et par les sociétés. En fait, on oppose les deux, la première étant considérée comme plus compartimenté, et fragmenté, tandis que la seconde serait plus liée aux expériences de vie. Pour pouvoir faire marcher les deux ensemble, et donner du sens à une connaissance, il faudrait tenir compte de la façon dont la société la recompose.

Le troisième colloque dénommé prospective de la connaissance. La question de la diversité de la civilisation y a été abordée. Aubert a relativisé la notion occidentale entre culture et connaissance, Puis Marc Himbert s'est interrogé sur le concept de la certitude et du doute et sa relativité dans nos civilisations en fonction de nos systèmes de mesures qui visent différents buts selon que l'on soit dans une démarche dans laquelle on doit atteindre une certitude ou bien construire un processus de confiance. En continuité, Thierry Gaudin, parle des différents statuts de la connaissance d'une civilisation à l'autre. En opposant approches occidentales visant à changer le monde, et orientale visant à être en symbiose avec le vivant. Gaudin prédit l'émergence d'une conscience (à laquelle la puissance devra se soumettre) face à l'industrialisation de l'information démultipliant la puissance, permettant aux lobbies d'influencer le psychisme des foules.
Le quatrième colloque est lié aux précédent avec pour thème les « je » et les « nous ». Il en ressort le désir des nouveaux mouvements de se relier à l'autre, donné du sens à leurs vies en prenant racine dans le monde. Le principe de reconnaissance étant le principe fort de cette civilisation, en opposition à l'abstraction scientiste.

1.3. Éthologie et prospective.

L'évolution de la vie comme l'histoire des hommes sont contingentes. Notre histoire naturelle, nous donne la possibilité d'être libre, et c'est sur cette réalité que se fonde une prospective. Il s'agit toutefois de déterminer nos contraintes phylogénétiques, pour éviter la fatalité et résoudre nos problèmes. La prospective prolonge notre évolution qui se construit depuis une situation qui comporte ses contraintes, mais capable de produire ses innovations. Il faut avoir conscience de notre passé pour évaluer nos potentialités pour le futur. Dans ce sens tout est possible, car l'homme n'a jamais été autant à même d'infléchir son évolution comme celle de la planète. Ce qui ne signifie pas qu'il faut tout laissé-faire en nous renvoyant vers une hypothétique nature humaine...
Il faut donc savoir que toute prospective se détache de l'utopie, qui elle ne part de rien (si ce n'est que de rêves), tandis que notre histoire biologique et humaine suivent une longue chaîne de contingence dont il faut tenir compte. La prospective, c'est ce qui nous permet d'envisager le jeu des possibles et de ne pas s'engager vers l'impossible. Pour établir une prospective qui tienne la route, il est important de prendre en compte aussi la diversité culturelle, savoir que toute les populations humaines actuelles composent sont reliées entre elles par un entrelacs complexe de relations génétiques, linguistiques, religieuses. L'image qu'il faut retenir est celle d'une arborescence, des cultures en évantaille avec un tronc commun.

1.4. L'éthologie des peuples, une nouvelle discipline? (table ronde animée par Edith Heurgon).

Dans le dictionnaire, la notion d'éthologie n'est pas applicable aux sociétés humaines, le terme ethos, l'est en revanche pour désigner l'ensemble des mœurs, comportements habitudes, valeur d'un groupe donné. Il faut faire attention à cette terminologie car quand on l'associe au peuple, on fini par diviser artificiellement l'humanité. Il faudrait donc parler d'éthologie des sociétés humaine, c'est à dire une éthologie culturelle, mais le piège est ici d'utiliser un mot tabou. L'éthologie comprend trois catégories d’histoire dont elle est tributaire selon Lestel: la phylogenèse (l'évolution), l'histoire culturelle qui pourrait même comprendre certains animaux domestiqués, et l'histoire individuelle, retraçant des parcours particuliers. A cela on pourrait rajouter à ces systèmes vivants, des systèmes artificiels que Lestel appel artefact. La prise en compte éthologique dans cette perspective devrait intégrer deux catégories: l'éthologie abstraite, et l'autre la recherche des universaux des comportements et des universaux cognitifs. Thierry Paulmier parle même de distinction entre éthologie biologique et spirituelle au travers de la rupture qu'il nomme spéciste. Distinction qu’Aubert renvoi au domaine de l'ontologie.
Au niveau de l'organisation de ces ethos, Aubert propose d'établir un arbre des peuples, avec pour origine l'homme primate, et comme branche les civilisations. Pour chacune on peut distinguer des sous civilisations, puis les nations, et enfin les villages. Bien que réductrice cette échelle d'analyse à pour avantage d'être multiscalaire.Une autre question se pose, celle de la place de l'éthologie par rapport aux disciplines existantes. Dominique Lestel présente un schéma distinguant biologie, éthologie, ethnologique et institutionnel. L'éthologie renverrai aux universaux, tandis que les autres matière ne serait qu'une déclinaison à divers échelles d'interprétation. Tout ceux-ci serait parcouru par l'éthologie dans le sens causalité-effet.
Les observations donnent un objet à cette éthologie, elle consiste à prendre en compte les objets et les comportements de nos sociétés en tant que production éthologique, et dégager un ethos, plus ou moins complexe, conçu comme un mode d'insertion dans le réel. A cela s'ajoute le contexte éthologique qui renvoi aux bases anthropologiques. Ces sur ces éléments que l'on s'efforce de porter un diagnostic sur la situation d'un pays, d'un peuple. Avec l'expérience, on accumule les observations et on établit des sortes de cartes, permettant de trier ce que l'on observe, voir d'anticiper.
On peut aussi parti d'une autre approche, comme celle de Philippe d'Ibriarne, en étudiant les structures à un échelon inférieur, ici au travers de la diversité de l'entreprise. L'aspect d'analyse est important, mais il y insère aussi la contrainte du temps, celui du diagnostic qui devrait se faire en une semaine selon l'auteur! A cela s'ajoute la compilation des cas, qui permettrait d'aller plus vite dans ce diagnostic. L'indicateur du comportement dans cette éthologie des peuples tien aussi une place importante, ce qui compte est de mesurer un capacité, et donc un certain type de comportement mais en faisant attention, car elle pourraient s'avérer fâcheuse en cas de mauvaise objet de prospective.
Les interventions (faite par les ethologues dans les différentes institutions) sont perçus par Aubert, sont vus comme étant des bricolages. Elles comportent une part d'éthologie des peuples dans le sens ou l'on doit faire une analyse éthologique précise des organismes dans lesquels on intervient, mais aussi un aspect cognitif et affectif dans la communication. L'intervention s'intégrerait dans une stratégie, autour d'une problématiques et des acteurs en place.
La formation de cette éthologie des peuples en tant que discipline, doit être conçu de façon pluridisciplinaire en y intégrant de a sociologie, de l'anthropologie etc...

L'éthologie en tant que facteur d'explication? A l'échelle d'une civilisation, le pari est risqué. Prendre en compte tant de facteurs, n'est pas une masse à faire. D'autant plus qu'elle intervient sur le présent et l'avenir perçu. Dans cette dimension, l'éthologie n'est plus seulement une science du comportement, mais aussi de l'espoir, de la projection, du rêve. Dans une seconde partie, différents intervenants vont donner l'image d'une civilisation mondiale au travers de différents regards selon leurs points de vu, et la problématique tenu.




II- La civilisation mondiale problématisé dans l'optique de sa refondation: cultures, développement et modernité .

2.1 La construction politique de l'Europe requiert-elle la référence à son identité de civilisation? Martine Méheut)

L'Europe, est une grande idée, un grand projet, qui s'est déjà concrétisé sur le plan économique. Mais sur le plan politique, c'est autre chose. Pour que cette Europe politique germe, il faut avant tout l'adhésion des citoyens, ainsi qu'une politique volontariste des gouvernements européen « uni » pour l'avenir.
L'auteur reprend pour parler des attitudes générales vis à vis de l'Europe, les propos de Thomas Ferenczi tenu dans Le Monde le 21 Mai 2003 tout en les nuançant.
Attitudes qu'il divise en trois catégories:
• Les pessimistes réalistes: qui pensent que l'intégration économique suffit.
• Les optimistes idéaliste, ouvert à l'avenir et à ses perspective. (idéaliste ou utopiste?)
• Les optimistes irréalistes (selon les termes propres à l'auteur) qui sont pour le développement de la méthode intergouvernementale, comme cela existe déjà.
Pourquoi irréaliste?
Car les décisions prises à part, favorise les égoïsmes étatiques basés sur les intérêts particuliers des gouvernements.
Pour construire l'Europe, l'auteur en revient donc aux fondamentaux forgé par l'esprit de la civilisation européenne. C'est à dire à ses valeurs. Pour en parler l'auteur commence à faire référence à l'Europe plurielle qui fait sa richesse. Une Europe qui reconnaît les droits sociaux comme des droits fondamentaux, une Europe qui a institué un régime de sécularisation du religieux qui va jusqu'à la reconnaissance. Une Europe des valeurs humaines, comme dont l'intégrité est imprescriptible. Bien que l'Europe n'ait pas d'identité définissable, elle est reconnaissable par son anthropologie, celle de la Grèce antique qui considère la démocratie capable de privilégier le bien commun sur ses intérêts particulier, basé sur la notion de citoyenneté partagé quel que soit les origines familiales et sociales. La notion de personne, apparue dans la philosophie médiévale va approfondir la relation à autrui, dans l'accueil de son altérité, permettant la solidarité. C'est la confiance en ces valeurs qui a permis l'expression de la diversité et de cette solidarité.
A cela il faut rajouter, la personnalité de l'Europe, basée sur ce que doit être son « bien vivre » et pas uniquement de son bien être.
Ce n'est que grâce à la subsidiarité, que l'Europe politique pourra être à la hauteur de son anthropologie en quittant le despotisme éclairé dans lequel elle vie actuellement. Ce qui signifie que les décisions devront être prise au plus prés du citoyen pour être efficace. A l'inverse, le manque de pouvoir partagé conduit à la passivité qui conduit in fine, à des explosions revendicatives sans lien avec les impératifs de la réalité. Cette subsidiarité conviendrai à la confiance dans l'humain. Il faut aussi revenir sur l'importance des structures intermédiaires que sont les Etats. Et adopter des valeurs communes à l'Europe, pour avoir une véritable politique extérieure et de défense commune pour faire autorité tout en conservant sa spécificité et sa diversité. Il faut faire fi des manques de confiance: dans la démocratie, dans la priorité de la justice sur la force, dans l'autorité, et d'autonomie gagnée par détermination politique. Car l'Europe avant d'être économique et avant tout culturelle. L'Europe aurait tout comme les autres puissances régionales quelque chose à dire au monde, celle de la souveraineté partagée assurant l'autonomie de ses membres, qu'il existe différentes cités politiques car il y a plusieurs critères de valeurs, différentes de la superpuissance américaine. Ce projet nécessite de la confiance, et une réelle volonté politique pour décider de former une réelle fédération au sein de la futur confédération européenne.
Aujourd'hui nous sommes à un carrefour, il faut évité l'impasse de l'identité uniformisante d'une Europe uniquement considérée comme une zone de libre échange, et considérer que c'est la confiance dans l'humain qui a permis l'explosion d'une diversité respectueuse des valeurs communes.

2.2 Refonder la mondialisation chinoise. ( Thierry Sanjuan)

La « globalisation » (globalization) est un processus d'intégration des territoires à l'échelle mondiale, ce concept est issu de la pensé occidental dominante. Et bien entendu, dans cette perspective elle est hiérarchisée politiquement et économiquement autour des grandes régions qui dominent le monde. Avec en premier lieu le monde anglo-saxon, avec à sa tête la superpuissance des Etats-Unis, qui impose à tous une lecture centre périphérie du monde. Parallèlement les autres puissances régionales comme l'Europe occidentale, la Russie et la Chine nient cette vision et réclament une lecture multipolaire du monde. En fait si l'on regarde dans le détail, on s'aperçoit que chacune des puissances alternatives tire de sa propre histoire son interprétation de la mondialisation. Pour comprendre la position de la Chine, il faut l'identifier à son histoire de la mondialisation et non plus à sa globalisation. Car le terme mondialisation, ne comprend pas uniquement la notion d'intégration dans une sens, si chère aux économistes américains. Mais aussi dans l'autre, c'est à dire l'intégration à soi des autres territoires du monde. Le monde faisant système, il est constitué d'une multitude de pôles s'intégrant depuis leur lieu d'origine au « grand tout », il y a donc une multitude de mondialisations.
La Chine détient historiquement une civilisation qui s'est imposée à l'ensemble de l'Asie orientale, mais plus encore au travers une culture rayonnante, tant dans au travers de son écriture, que dans sa langue, son organisation politique et sociale, et sa maîtrise technique longtemps en avance sur l'occident. Dans ce sens on peut parler de l'empire des Tang (VIIème-IXème siècle), des Song (X ème-XIII ème) qui s'exporte dans tout l'Asie du Sud-Est, mais aussi des Qing (XVII ème-XIX ème siècle ) reconnu par les hommes de lettre occidentaux. Le XIX ème siècle, va voir le déclin de l'empire chinois face à l'impossibilité de relever le défi de la modernité venue d'Europe et d'Amérique du Nord. Il faut attendre 1970 (et le déclin du bloc communiste) et les réforme de Deng Xiaoping pour voir relancer l'intégration de la Chine au monde et son retour au sein des organisations internationales. A partir de la, tout s'accélère.
La Chine compte trois forme de mondialisation, toutes centrés sur la Chines elle même, toute imbriqués les unes aux autres, et ayant chacune ses lieux d'accroches.
• Le modèle impérial ou sino-centrisme. Centré sur la Chine en elle même.
• Le modèle réticulaire fondé sur les réseaux de la diaspora chinoise.
• Le modèle métropolitain et côtier, héritière des concessions ou colonies étrangères de l'époque moderne servent d'interfaces polarisante et intégrant la Chine au système monde.
Il est évident que ces trois formes de mondialisation ne sont pas statiques, elles comprennent des dynamique combinatoires voir contradictoires qui contraint la Chine à redéfinir ses relations avec ses voisins et face au monde.

Revenons sur l'histoire de la Chine, et notamment sur la période clef que fut le passage du XVIII ème au XIX ème siècle. Auparavant, les chinois avaient une vision sino-centrée du monde. Un système dans lequel l'empereur est le dépositaire du mandat du ciel (tianming), à partir duquel s’organisent les dix-huit provinces, puis en périphérie les pays tributaires. Le déclin de la Chine marqué au milieu XIX ème par la guerre de l'opium, par les agressions occidentalo-japonaise, sans parler de la crise interne va mettre fin à cette vision à laquelle va substituer de force l'Etat-nation, qui ne se veut plus universelle, et garante de la civilisation avec un grand C. Pourtant plusieurs aller- retour entre cette vocation antinomique avec les faits historiques, vont se produire tout au long du XIX ème -XX ème siècle jusqu'aux maoïstes qui ambitionnent l'universalisme. Aujourd'hui on a plutôt un réajustement par un retour à l'histoire et aux valeurs culturelles de la Chine, face au renouveau de sa puissance « économique » dans le monde. Sur le plan politique elle a du renoncé à son universalisme sino-centré, et plus concrétement à ses frontières pour entré dans le concert des nations et surtout des organisations internationale. Une série d'accords passé son sensé réglé le problème de ces frontière en allant de la Birmanie en 1960 au Vietnam aux années 90. Les nouveaux intérêts stratégiques ont aujourd'hui attrait à la mer de Chine.
Le problème de l'impérialisme chinois se pose toujours en terme identitaire. Dieng Xiaoping a convaincu très tôt les dirigeants chinois que le vecteur de puissance et de rayonnement international serait économique. D'ou toute une série de réforme pour s'ouvrir au monde. Il faut relever le défi américain et valoriser la place de la Chine en Asie orientale. Cette compétition ne doit pas faire oublier, les visions différentes de part et d'autre de cette mondialisation. La chine ignore ainsi les catégories abstraites, ce qui compte pour elle, c'est d'être un grand dans le monde, sans se soucier des enjeux ou conflits lointains. C'est une mondialisation sélective et bornée, sans chercher à s'imposer, elle s'adapte au monde actuel pour pouvoir l'utiliser au profit de leur puissance. C'est une globalisation considérée comme processus d'unification des territoires à partir d'une multitude de mondes culturels. C'est donc une vision de la mondialisation qui est strictement multipolaire. Celle ci est axée sur la Chine continentale, HongKong, Taïwan, ainsi que sa diaspora, toute particulière, qu'elle soit économiques ou idéologiques (ex: ayant fui le régime communiste). Mais aussi et surtout le nouveau dynamisme de ses métropoles littorales qui sont Shanghai, Hongkong, Canton, Dalian, Tianjin.

2.3.culture et développement: des objets quantifiables? ( Laurent Murawiec).

Le sujet, bien que vaste, a été traité par Laurent Murawiec un chercheur américain, selon une optique essentiellement matérialiste. La problématique est posée ainsi: peut-on quantifier la culture, et lui donner des effets attribuables? Et le développement, est-il un concept donné a priori, ou le produit d'une époque?
Renvoyant à la pensé allemande, il fait la différence entre une Kultur positivement connotée et Civilization, son négatif. L'un étant l'émanation du peuple, l'autre artificielle renvoyant aux terminologies communes des peuples français et Anglais. La culture est donc, dans ce contexte, considéré comme l'émanation de la race.
A l'opposé de cette version de l'appréhension allemande de la culture, on a la vision marxiste et matérialiste qui la considère uniquement comme étant le reflet de cette matérialité, perçu uniquement au travers cette dualité entre infrastructure et superstructure. Culture, trop plein raciale ou bien vide de sens, et incapable de rendre compte des phénomènes du réel?
Les université américaines considère cette culture comme inquantifiable, et ce qui n'est pas mesurable n'est pas. L'auteur fait aussi allusion à l'exception qui confirme la règle au travers des travaux de Gary Becker, qui met en jeu dans ses études économiques, les échelles de valeurs. Les adeptes du nombre reprochent aussi qu'il est impossible d'établir un lien de causalité à effet des lors que la culture entre en jeu. Une autre école de pensée américaine parle de la culture comme pourvoyeuse d'identité, une identité de groupe, mais uniquement rattachée à un essentialisme pur, sans rapport avec le réel. On est donc toujours dans le même schéma. L'auteur développe donc une définition de la culture alternatives à ces dernière: conçu comme le « système de valeurs d'une société et la structure d'incitation positive et négative qui coopère avec se système de valeurs pour relier l'identité individuelle à l'identité de groupe ». Toujours dans cette perspective matérialiste, il la conceptualise comme étant un « attracteur étrange » le renvoyant au chaos! Drôle de façon de concilier les choses. Dans cette logique, il lie la culture au développement.
Les germe de la notion de développement selon lui prendrait racine à Pierre Le Grand qui en important en Russie ce qu'il croyait être le moteur de la puissance occidentale, a en fait inauguré le processus d'importation des résultats de la puissance européenne. Mais ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale que l'on parle de développement à proprement parlé. Les modèles portés par les grandes idéologies, libérale et soviétique ont été les moteurs premiers de cette notion. La décolonisation y a aussi joué un grand rôle, substituant au modèle colonial, la conception de développement.
L'auteur oppose à partir de la, au modèle socialiste du développement, qui ne marcherait pas, celui du libéralise. En prenant comme exemple la Chine qui n'a commencé sa croissance qu'a partir du moment, où l’on a cessé de harceler les paysans et d'ouvrir les capitaux à l'étranger. Il faut lever les entraves, et ouvrir et fluidifier le marché pour se développer. C'est se que semble démontrer cette partie.
Le développement, c'est donc la culture du résultat. C'est à dire en terme qualitatif (quantifiable, comme par hasard):
• la longévité humaine
• Le scolarité généralisée
• La qualification de la main d'œuvre et sa rémunération.
• Moins de labeur physique, plus de travail intellectuel.
• Moins de routine, plus de créativité.

Ces caractères peuvent aussi se rattacher à la modernité. Modernité qu'il caractérise comme étant le passage de l'organisation sociale à base de groupe à la dynamique de l'organisation sociale à base individuelle (une modernité basée essentiellement sur le travail et la fonction critique). Ce passage se serait fait d'une économie agrairienne fondé sur le grand nombre d'homme et la quantité de terre, à une économie post-moderne basé sur un grand nombre d'hommes créateurs. Ce travail doit donc être mis en valeur pour éviter toute dérive. L'homme est donc avant tout un homo faber.
Pour couronner le tout l'auteur en citant l'historien V.D Hanson insiste sur l'association entre développement et la libération de supposés entraves (religieuses, culturelles, politique, capitalistique et expression individuelles). On arrive donc à opposer le changement et le mouvement à la forme retardante d'organisation archaïque de groupe se fondant principalement sur l'inchangeable.
Il en conclu donc par analogie à la modernité dont il a donné une définition qui semblait bien lui convenir, que le « développement » est bien fonction de la « culture ». Postulat juste, bien que basé sur des conceptions manipulés ( Vrai/Faux? Ce n'est pas à moi d'y répondre).


2.4. Entreprise et modernité au Maroc, et ses problèmes de légitimation. ( Abdelkébir Mezouar, Jean Pierre Sémériva)

La modernité est au cœur du processus de transition historique des sociétés arabo-islamiques. Dans cette fameuse notion de modernité, il y a une dimension d'opposition entre modèles culturels et réalités nouvelles. L'essai d'exploration du problème va se faire au travers de la question du progrès dans l'entreprenariat marocain.
Le problème posé est celui de l'intégration d'une dynamique de progrès dans l'entreprise marocaine. Ainsi que de l'institution d'une logique forte et rationnelle pour organiser l'entreprise, et entrer dans la « modernité ». Si le problème est posé, c'est qu'il est sous jacent à tout un ensemble de réalités, de contraintes, celle des faits, auxquelles il faut faire face.

Il ressort que les difficultés au sein des entreprises plus que d'être un problème de modernisation, et un problème d'ordre sociologique. Et plus précisément disciplinaire, face à différents référentiels dont les plus importants sont les rapports au factuel, à l'autorité, au conflictuel et à la décision.
• Le factuel est interprétée de façon abstraite, comme si la réalité était quelque chose de subjectif et d'interprétable. Chacun ayant droit de donner sa version.
• Le Rapport à l'autorité est accepté de façon directe ou par délégation, sans reconnaître les structures intermédiaires qui doivent fraterniser ou bien est exclu du groupe!
• Le rapport au conflictuel et à la décision est tabou en ce qui concerne les rapports interpersonnels au sein desquels doit être amorcé à tout prix. La décision, passe donc nécessairement par l'accord consensuel. D'ou la non-décision permanente. Deux solutions s'envisagent pour le dirigeant, soit il décide de tout, soit il s'enlise. La solution intermédiaire demanderait beaucoup de patience et de temps.

Pourquoi de tels comportements? Opposition entre rationalité occidentale et orientale? Ou autre chose?
Historiquement, l'entreprise est un fait colonial. Auparavant, l'économie s'organisait autour des corporations citadines de commerçants et d'artisans qui réglaient les problèmes commerciaux entre eux sous l'arbitrage du naqu'ib et du cadi. Il existait bien une activité de négoce internationale, mais elle était le fait des protégés. L'entrepreunariat sous l'impulsion coloniale, va commencer à se développer dans les strates de la bourgeoisie marocaine, comme toute forme d'innovation. Cependant, celui-ci, étant étranger à la culture marocaine, il ne va pas s'intégrer correctement au reste des structures mentales.
En effet, pour comprendre la culture d'entreprise au Maroc, il faut tenir compte de trois composantes: de la logique rationnelle, théologico-juridique, et de la culture marocaine qui tout en tenant compte de ces deux faits, va tenter de s'en extraire. Pour cela elle va utiliser une logique pseudo- rationnelle qu'elle va détourner au nom de ce qu'elle considère être la tradition marocaine.
Il en ressort que les sources de légitimité diverge avec la culture de l'entreprise désigné comme étant moderne. 3 milieux hiérarchiques se décomposent ainsi.
• Le sommet de l'entreprise, qui a la légitimité d'exercer le pouvoir social.
• Les hiérarchies intermédiaires, qui n'ont aucune légitimité à exercer le pouvoir social.
• Et la base de l'entreprise, au sein de laquelle s'exerce une légitimité communautaire et traditionnelle.

Deux choix se présentent donc pour la hiérarchie intermédiaire: soit se mettre sous la protection du patron, ou bien se rallier à la coutume et renoncer à ses fonctions de management. C'est le problème des représentations de la légitimité qui est posé. D'après les auteurs, les valeurs associées à ce dispositif n'accordent aucune valorisation au « type idéal » au sens de Weber de l'entrepreneur. Au sommet, ceux qui sont acceptés sont le type « gestionnaire-lettré » et le « diplomate souple », à la base c'est la coutume avec les types idéaux de « l'homme à poigne » et du « saint guerrier ».
Ce qui pourra modifier cet ethos, ne sera pas le discours en réalité, mais la praxie (de mouvements coordonnés en fonction d'un but).. Des transformations propres aux entreprises sont cependant en cours, plus que la société en elle même, car exogènes aux réalités socio-historique du pays. Généralement, l'entreprise n'interfère pas dans le monde politique, la marge de liberté est ainsi grande, mais elle ne peut être prise que par des dirigeants hors norme (l'élite en un mot). L'entreprise marocaine serait donc un moteur de changements sociétaux? C'est possible, mais rien ne dis que sa situation exogène par rapport au reste du pays ne l'isole comme ce fut le cas auparavant.

Conclusion:

Premier constat. Il n'y a pas une mais des mondialisations fonctions des aires civilisationelles. Il n'y a pas homogénéisation des comportements, mais plutôt des tensions de résistance face à l'hégémonie d'une vision uniforme du monde. Pour éviter cette vision dominante, anthropocentré, voir hégémonique du monde, il faut donner consistance aux pensées horizontales, alors que dominent les pensées verticales. Il faut aussi et surtout supprimer les barrières entre les savoirs, non pas seulement favoriser l'interdisciplinarité, mais de reconnaître tous les savoirs, ceux scientifiques comme ceux des gens ordinaires. Ceci, dans le but prospectif de penser dans le même mouvement l'universel et le singulier. Toutefois la prise de partie semble inévitable, face aux tensions et les risques qu'elles induisent pour le devenir de l'humanité (écologique-géopolitique-barbarie- dressage de murs). Il est important d'être vigilant, et dénoncer quand il le faut ces logiques de destruction. Cela passe aussi par la prise de conscience de la mondialité, ainsi que sa compréhension face aux diverses manières dont elle s'exprime à l'image de l'arbre des peuple. Parlant aussi du futur, et donc, des « possibles » qui se créer avant tout dans notre imaginaire, il faut aussi penser différemment le mouvement des civilisations et créer des espaces d'ouvertures de ces « possibles », car il ne faut pas oublier qu'avant d'être observateur, nous sommes aussi acteur potentiel de notre futur. Quant à ce qui concerne les pistes ouvertes aux rapports entre éthologie et prospective, le colloque a ouvert des pistes potentiellement fécondes, tout en rappelant à une grande rigeur à ceux qui seraient tentés de l'utiliser.

III-Critiques (acerbes).

Il est intéressant, non pas de voir l'intégrité du colloque en lui même qui est en grande partie le reflet d'un savoir éclaté, et toujours partisan. Mais d'en voir les conclusions, aux travers desquelles l'on peut percevoir une certaine collusion dans l'enseignement qui en est tiré. En fait, deux problématiques sont séparées au travers de l'énoncé du colloque, mais aussi en conclusions (donc pas de confusion) et qu'il faut rappeler. En premier lieu, celles des civilisations mondialisées, puis l'intégration de l'outil éthologique dans l'étude d'une potentielle éthologie des peuples dans une perspective prospective. Les conclusions concernant les civilisations mondialisées, revêtent un aspect sensible notable. On ne fait plus seulement allusion au savoir scientifique, mais aussi à celui des gens ordinaires. Les « gens ordinaires », parlons en ! Méprisés, manipulés, ignorés dans nos cours magistraux, ils se perdent au loin des discours du professeur, dans les méandres du temps long, même si ce dernier affirme parfois le contraire. La preuve, jamais nous n'avons invité la boulangère, ou le maçon du coin pour nous enseigner, non pas uniquement l'art de la pâtisserie ou de la maçonnerie, mais aussi sa logique inhérente à son environnement, à son histoire. En vérité, dans la pratique, les «gens ordinaires» dans le monde de la recherche, ce sont des objets, des microbes. Et bien non. La connaissance doit être coproduite. Pourquoi? Car celle-ci doit avoir une part de savoirs disciplinaires et d'interdisciplinarité, mais doit aussi comporter l'«articulation des savoirs d'experts et des savoirs «ordinaires» dans des formes d'intelligence collective; alimentation réciproque de la théorie et de l'expérience ». Elle doit être ainsi co-actrice des transformations des représentations mentales, c'est la pensée en mouvement qui se nourrissant de l'intime, du sensible, de l'émotion selon les propos de cet. Et je vous renvois à ce sujet, à l'extrait représentatif n°3 que cite en annexe. En second lieu, les conclusions concernant l'éthologie, les apports ne sont pas aussi riches. C'est une futur discipline en devenir, qui s'interroge, tout en renforçant le point précédant, rappelant le rapport aux intelligences de l'autre. Toutefois, il est intéressant de voir de quelle façon est réhabilité le rapport aux faits. Il faut « faire retour aux faits », mais aussi remonter aux chaînes causales par lesquelles les choses se passent, en se référant à leurs origines environnementales, et mentales sur le temps long. Ces deux points, recoupent d'une certaine façon le travail de l'historien. Toutefois elle implique aussi des modèles. En cela elle se différencie de l'histoire humaine. Mais en tant qu'éthologie des société, travaillant sur le présent, elle agit comme une éponge, mais elle est aussi actrice de la reconstitution des représentations mentales, et de l'action en présence. Car l'éthologie, est aussi une discipline d'interprétation ayant des applications directements pratiques. En cela, il existe un risque de conflit avec le territoire de l'historien. N'oublions pas que nous vivons dans une société matérialiste de la silmutanéité, du tout, tout de suite. Ainsi lorsque Jean-Eric Aubert dit que l'on devrait faire le diagnostic d'une aire culturelle en une semaine, voir en quelques jours, rétorquant que « si l'on ne peut pas faire ces diagnostics et ces propostions en une semaine, il faut changer de métier ». Alors dans ce cas, il semble qu'il y ait confusion des genres. Une discipline, se défini principalement par son but, ses objectifs. c'est pourquoi considérer la contrainte d'un facteur temporel comme discriminant éssentiel , c'est que son but n'est pas connaissance, mais autre chose. Dans ces conditions, il m'est difficile de prendre en considération, le reste de ce qui a pu être dit. Dans ce sens, d'autres questions peuvent être posées: quelle place tien la prospective dans ce colloque? Quelle est son rôle? La compréhension, comme l'affirme les participants? Ou bien le contrôle à des fins politiques ou financière? D'ailleurs si l'on y regarde de plus prés , beaucoup de chapitres traitent les différents thèmes, abordés selon des vues économiques et tournés vers des réalités matérielles. Peut être dans l'optique de la prospective qui est de prévoir, se tourne t'on vers le préhensible, qui est quantifiable. D'un autre côté la critique inverse peut-être faite. Dans certains chapitres, trop de raccourcis et de simplifications vident les explications de leurs sens propre. Parfois pas de base assez solide, à des explications quelques peu escamotés. Manque de profondeur, et d'individualisation de la pensée qui se raccroche toujours aux grands modèles établis selon leurs disciplines d'approches.
Constat nuancé donc pour cet ouvrage ecclectique, engagée, mais aussi peut-être un peu manipulateur, objecteur de conscience. En tout cas, un compte rendu qui n'a pas été fait pour être lu et interprété en profondeur. Tant pis.

















ANNEXES







Extraits représentatifs de l'ouvrage.

Extrait n°1

Anthropologie: relationnel et individualisme familial
Le terme d' « être » lui-même n'existe pas comme tel en chinois mais en tant que « cours » et « fonctionnement ». Dans la pensée chinoise, la relation est première alors que dans la pensée occidentale, c'est l'autonomie initiale du sujet: « ne jamais penser la réalité du monde à partir d'une seule instance, supposer toujours la priorité de la relation d'interaction par rapport à la reconnaissance de tout sujet individuel » [ibidem, p51].
Les parents personnifient le procès en engendrant leurs enfants. Ils prolongent l'oeuvre du Ciel et de la Terre en remplissant la fonction de médiation et de transition à l'égard de toute existence individuelle; ils assurent la continuité et la continuation. « On ne comprendra rien à l'attachement invétéré de la tradition confucéenne pour ce qu'il est convenu d'appeler « le culte des ancêtres » ou « la piété filiale » [...] sans égard à l'importance qu'accorde la logique confucéenne à l'idée de continuité, sans saut ni rupture » [Jullien, 1989, p.180]. La piété filiale marque le respect concret de la continuité et les enfants doivent, dès lors, imiter leurs parents dans leurs qualités pour épouser le cours du procès. De même, lorsqu'un individu meurt, il passe du statut manifeste d'esprit vivant au statut invisible d'esprit mort, mais il demeure en rapport d'interaction avec celui des hommes vivants après lui en raison de la continuité de la condition humaine, de sorte que l'esprit des ancêtres peut encore exercer son influence sur la postérité.
P182-183

Extrait n°2

Le terme « éthologie » est proposé par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire en 1854. Il souhaite une étude des comportements des animaux dans une perspective évolutionniste qui diffère radicalement de l'histoire naturelle, plus exactement de ces « histoires naturelles » au sens de Buffon et de ses prédécesseurs. Ce voeu restera lettre morte, d'autant que la célèbre controverse Cuvier/ Geoffroy Saint-Hilaire, qui tien l'Europe en haleine selon Goethe, sanctionne pour un siècle toute pensée évolutionniste au sens de Darwin en France. Il y a bien sûr le transformisme de Lamarck qui laisse entendre que les hommes ont put se transformer depuis un ancêtre simiesque. Cette idée révolutionnaire avancée dans la Philosophie zoologie, publiée en 1809, n'émeut guère, d'autant que George Cuvier se charge de ridiculiser l'infortuné Lamarck. L'avenir de la pensée lamarkienne dépendra en fait du darwinisme car, lorsque les idées d'évolution et de selection naturelle s'affirment dans la communauté des biologistes -c'est Lamarck qui invente le terme biologie-, ceux qui s'y opposent, contraints d'accepter l'idée de changement des espèces, reviennent vers Lamarck
P82.

Extrait n°3

D'une par, en ce qui concerne la construction de la connaissance, la question du temps d'apprentissage collectif, apprentissage de soi dans le groupe et apprentissage des autres, semble essentielle: faire mouvement ensemble demande du temps « vide ». Non pas vide de contenu, mais vide de finalités imposées, vide de cahier des charges normatif. Un vide qui permet à la pensée en mouvment de prendre ampleur, volume, consistance.
D'autre part, en ce qui concerne la preuve de validité d'une connaissance, la question de qui fixe la recevabilité d'une hypothèse et qui détermine l'organisation de la preuve est primordiale. Si une connaissance dérange l'ordre des savoirs et les territoires de pouvoirs, il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle soit validée par ceux qui maîtrisent la production de la preuve. Une pensée en mouvement doit donc aussi produire des lieux et des occasions où elle conquiert un droit d'expression et un droit de faire valider ses savoirs par d'autres cercles. La reconnaissance de sa validité se construit dans des espaces d'échanges, au cours de processus d'élargissement des cercles, de façon à ce que la construction de la preuve puisse mettre en oeuvre des rationalités multiples.
P372.


Bibliographie relative aux différents auteurs:

-Laurent MURAWIEC , L'Esprit des nations, cultures et géopolitique, Odile Jacob, 2002.
-Ouvrage collectif (CRD), L'entreprise marocaine et la Modernité: recherche sur les conditions de changement culturel pour un progrès durable, édition CRD, 2002.
-Thierry SANJUAN , La Chine. Territoire et société, Hachette, 190 pages, 2000.
-Thierry SANJUAN , « Le monde chinois en redéfinition: d'un empire autocentré à une identité culturelle multipolarisée », in Pascal Lorot (dir.), « Géoéconomie du monde chinois », Géoéconomie, 18, Page 21 à 35, 2001.

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